LES PROCÈS MILITAIRES 1945

LES PROCÈS MILITAIRES 1945

PROCES DES CAMPS


LES PROCÈS DES CAMPS DE CONCENTRATION

Ce sont divers procès des camps qui seront évoqués ici, par ordre chronologique. La chose est complexe pour diverses raisons : Les premiers procès ont eu lieu de suite par des tribunaux militaires mis en place par les divers pays libérateurs et les accusés l'étaient pour le camp dans lequel ou près duquel ils ont été capturés. En fait, ils avaient parfois -voire souvent- effectué leur service dans divers autres camps. Pour certains accusés, les tribunaux ne parvenaient pas à en retrouver la trace. Dans ce cas (fréquent) de l'accusé introuvable, le procès a lieu tout de même et un nouveau procès est ouvert, pour le même camp, souvent plusieurs années plus tard, lorsqu'on retrouve le ou les accusés manquants (c'est le cas par exemple de Franz Stangl pour les procès de Treblinka. Enfin, des procès ont eu lieu devant une multitude de tribunaux d'Europe.

Les tribunaux militaires se sont tenus très rapidement, dans la continuité et sous le choc de la découverte de la réalité des camps lors de leur libération. Les accusés étaient les principaux responsables de chaque camp et / ou les SS trouvés sur place par les libérateurs. Les peines étaient alors lourdes, les condamnations à mort n'étaient pas rares mais toujours clairement motivées. Pour les procès civils en revanche, on a souvent laissé passer le temps (parfois jusqu'à 30 ans !) et tout était différent. Les témoins survivants étaient moins nombreux, les SS étaient souvent difficiles à retrouver (morts, enfuis à l'étranger, ou ayant tranquillement refait leur vie, éventuellement sous d'autres identités, mais dans tous les cas avec l'aide de divers soutiens). On ressort des recherches sur ces procès avec la pénible impression que globalement l'Allemagne aurait davantage songé à passer les faits sous silence (durant toute une époque, à partir des années 50) dans un prétendu oubli plutôt qu'à les affronter. Enfin, la clémence des sentences laisse pantois. L'excuse de santé est souvent évoquée pour acquitter des accusés qui mourront un grand nombre d'années plus tard. Un autre exemple (mais on n'a, hélas, que l'embarras du choix tant les situations se reproduisent) : le bras droit du commandant du camp Christian WIRTH, à Belzec, qui a fait construire le bâtiment aux six chambres à gaz puis a regardé 300.000 Juifs y entrer (on dira pudiquement regardé), outre qu'il ait d'abord prétendu n'avoir jamais mis les pieds à Belzec, comptant sans doute sur le fait qu'aucun survivant ne pourrait être là pour le contredire, a ensuite tenté de faire croire qu'il a agi sous la contrainte mais qu'il désapprouvait ce qu'il a fait durant des mois jour après jour. Le tribunal, après avoir démontré comment prétendre avoir agi contre son gré n'avait aucun sens, a finalement donné une peine de... quatre ans et demie de réclusion, arguant du fait que l'accusé avait déjà été condamné à quinze ans pour une autre affaire : sa participation aux euthanasies du programme T4 (qui concernait notamment les handicapés et les malades mentaux, puis les tuberculeux). Je vous laisse considérer la chose : s'il vous arrivait de tuer votre voisin demain, vous seriez condamné à la même peine globale de prison que cet individu.

Les procès concernant Auschwitz :

Le procès de Lüneburg, du 17 septembre au 16 novembre 1945, a été mis en place par un tribunal militaire Britannique. Il était destiné à juger les responsables des camps de Bergen-Belsen et d'Auschwitz. Onze inculpés furent condamnés à mort, parmi lesquels Irma GRESE, Franz HÖSSLER (par ailleurs chef d'Auschwitz I de juillet 1944 à janvier 45) et Josef KRAMER (dernier commandant de Bergen-Belsen après avoir été celui de Birkenau). 19 des autres accusés furent condamnés à des peines de prison.

Le principal procès de Dachau (Hauptprozess) s'est tenu en novembre et décembre 45, après la libération du camp par les troupes des Etats-Unis. Divers procès sont dits de Dachau car c'est là qu'ils se sont tenus. On pourra trouver ainsi le procès de Buchenwald à Dachau. Le jugement d'Ilse KOCH de Buchenwald par exemple (prison à vie) a été annoncé en août 47. Dans le présent site, le "procès de Dachau à Dachau" nous intéresse particulièrement car y furent jugés, parmi les SS, quelques-uns qui avaient précédemment officié à Auschwitz. Quels que soient les accusés de ces procès (tels Martin WEISS commandant de Dachau, Wilhelm WAGNER, ou Franz ZIEREIS commandant de Mauthausen), tous plaidaient non coupable, comme ce fut le cas presque systématiquement dans tous ces procès.

Parmi les nombreux procès qui se sont tenu après-guerre dans diverses villes de Pologne, déjà évoqués, certains des accusés avaient été actifs à Auschwitz. Le plus emblématique sera évidemment celui de Rudolf Höss, le principal commandant du camp. Il sera jugé à Varsovie en 1947, condamné à mort et pendu au camp (Stammlager), entre son ancien domicile et le crématoire 1.

Le premier procès d'Auschwitz (ne concernant que des invidus accusés d'actes criminels commis à Auschwitz) eut lieu fin 1947. Il se tint à Cracovie (à 60 kms du camp d'Auschwitz). Les accusés étaient au nombre de 40, parmi lesquels furent condamnés à mort et exécutés : Hans AUMEIER, Maximilian GRABNER, Arthur LIEBEHENSCHEL, Maria MANDEL (qui fut surveillante à Lichtenburg puis à Ravensbrück avant de devenir chef du camp des femmes à Birkenau), Erich MUHSFELDT (qui participa aussi à l'extermination menée à Majdanek). Lors de ce procès, trois anciens membres des Sonderkommandos témoignèrent, dont les dépositions sont sur le site (sous rubrique les témoins). Des rubriques spécifiques sont consacrées à ce procès sur ce site.

Un procès concernant Treblinka eut lieu à Düsseldorf. Il jugeait dix accusés et près de cent témoins ont déposé. Kurt FRANZ (né le 17 janvier 1914) a été condamné à la prison à vie pour le meurtre d'au moins 300.000 personnes bien qu'il se déclarait innocent, comme d'ailleurs plus ou moins tous les autres accusés de ce procès. Il fut libéré en 1993 et mourut en 1998. Il était à Belzec avant de devenir commandant du camp de Treblinka, où il succédait à Christian WIRTH. Trois autres accusés ont été condamnés avec Kurt FRANZ aux travaux forcés à vie (peine maximale alors en vigueur en Allemagne), il s'agit de Heinrich MATTHES, August MIETE (libéré pour sénilité) et Willi MENTZ. Les cinq autres condamnations étaient des peines de 3 à 12 ans de prison.

Le second procès d'Auschwitz eut lieu à Francfort d'octobre 1963 à août 1965. Ce fut un procès considérable avec 319 témoins, couvert par 150 journalistes du monde entier. Les accusés étaient au nombre de 22.

Le procès de Belzec eut lieu en 1965. Il concerna 8 inculpés (dont Josef Kaspar OBERHAUSER) pour lesquels il y eut 7 relaxes, sur le motif qu'ils ont obéi aux ordres. Sans doute le fait qu'il n'y ait que deux survivants connus de ce camp, dans lequel on allait directement vers la chambre à gaz dès la descente du train, explique-t-il aussi cette clémence.

Le dernier procès de Treblinka eut lieu en 1970. Franz STANGL y comparut, il fut commandant du camp. Il n'a pu être jugé qu'en 1970, après son extradition du Brésil. Il a déclaré lors de ce procès qu'en période de grande affluence jusqu'à 18.000 Juifs ont été tués par jour. Il a été condamné à perpétuité et est mort en prison en 1971.

En Autriche également, différents procès ont jugé d'anciens SS d'Auschwitz. Il y eut notamment celui de Walter DEJACO et Fritz ERTL du 18 janvier au 10 mars 1972 concernant la construction des crématoires. Dejaco était au Plannungsbüro depuis 1940 et est resté à Auschwitz alors qu’Ertl s'est porté volontaire pour le front en 42. Les deux sont sortis libres du tribunal. Il y eut aussi le procès des SS Otto GRAF et Franz WUNSCH du 25 avril au 27 juin 1972. Graf était Aufseher, il faisait partie de la Stabskompanie. Des témoins l'ont reconnu comme étant le SS surnommé Gaskassier, celui qui versait le Zyklon B. Wunsch était Kommandoführer au Kanada. Les deux étaient notamment accusés d'avoir participé à l'élimination de membres du Sonderkommando. Ils furent considérés comme innocents et remis en liberté à l'issue du procès.

Le 3e procès de Majdanek (les deux premiers avaient eu lieu en Pologne en 44 pour l'un et en 46-48 pour l'autre) doit être cité. Il débuta le 26 novembre 1975 à Düsseldorf. Il concernait 15 accusés, 9 hommes et 6 femmes. Le principal accusé était Hermann HACKMANN (qui était aussi à Sachsenhausen et Buchenwald). Il y avait également Hermine RYAN (qui avait déjà été accusée lors d'un procès à Vienne pour ses activités de surveillante à Ravensbrück et condamnée à trois ans de détention). La défense a mis tant d'obstacles que les interrogatoires des accusés n'ont pu commencer qu'un mois et demi après l'ouverture du procès. Il a ensuite duré si longtemps que divers témoins et un accusé sont morts durant ce laps de temps. Un autre accusé sera libéré pour raisons de santé. Au bout de 3 ans 1/2, la procédure contre 4 des accusés est abandonnée (libérés le 19 avril 79). Le public est horrifié lit-on dans la presse de l'époque. Le 30 juin 1981 les jugements sont (enfin) annoncés : prison à vie pour Hermine RYAN (sera graciée en 1996, morte en 1999), 7 peines de prison de 3 à 12 ans et un nouvel acquittement. Des manifestants défilent, parmi lesquels certains survivants avec leurs tenues rayées, une banderole Jammerbild der Justizpraxis (tableau de désolation de la pratique judiciaire), L'indignation se mêle à la consternation.

Procès de Dachau

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Le Tribunal militaire de Dachau a été créé après la Seconde Guerre mondiale par le département du procureur de la 3e Armée américaine en vue de poursuivre les criminels de guerre mineurs (c'est-à-dire ceux ayant commis les crimes les moins graves) arrêtés dans les secteurs d’occupation américains en Allemagne et en Autriche, ainsi que ceux accusés de crimes de guerre contre des civils et soldats américains. Il s'agit du principal tribunal du gouvernement militaire américain en Allemagne. À partir de 1946, il centralise les procédures visant des crimes géographiquement localisées ne relevant pas du Tribunal militaire américain de Nuremberg. L’autorité de ce tribunal dérive à la fois des textes américains qui l’instituèrent en conformité avec les textes du droit pénal international et en vertu, notamment, de la déclaration sur les atrocités (déclaration de Moscou, 1943).

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Baur Eléonore, Schwester Pia (1886-1981), la seule femme à avoir été décorée de la décoration suprême nazie, le Blutorden. Elle sèmera la terreur parmi les détenus de Dachau

Moins connu que les deux tribunaux de Nuremberg (Tribunal militaire international de Nuremberg et Tribunal militaire américain), le tribunal de Dachau jugea 1 672 Allemands accusés de crimes de guerre dans 489 procès distincts. Les procès se tinrent dans l’enceinte du camp de concentration de Dachau. Un des procès les plus célèbres que connut ce tribunal est celui du procès du massacre de Malmedy.Plusieurs procès ont eu lieu concernant Dachau. Celui dont il est question ici (Case number 000-50-2) dit contre Martin G. WEISS et alii  s’est tenu du 15 novembre au 13 décembre 1945 à l’intérieur à l’intérieur même du camp de Dachau, sous la houlette du Tribunal américain. Il s’agissait de juger 40 accusés que les troupes ont capturés sur place. Parmi eux se trouvait le SS Otto MOLL, de sinistre mémoire, pour les survivants de Birkenau en général, et pour les prisonniers du Sonderkommando en particulier, c’est pourquoi ce procès est évoqué ici. En sous-rubrique, une page spécifique présente les accusés et s'arrête sur son cas.

Commandants du camp de Dachau

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SS Standartenführer Hilmar Wäckerle 1899-1941 exécuté.

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SS Hauptsturmführer Alexander Bernhard Hans Piorkowski 1904- 1948 exécuté

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 SS Obersturmbannführer Martin Weiss 1905-1946 exécuté

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SS Oberführer Heinrich Deubel 1890- 1962 Non poursuivi 

Médecins nazis à Dachau

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SS Obersturmführer Dr Fritz Hintermayer 1911-1946 exécuté par les Alliés

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Dr Karl - Klaus Schilling 1871- 1946  exécuté par les Alliés

Accusée au proces de Dora et de Dachau

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14 des 19 accusés dans le procès de Dora de Dachau, 19 septembre 1947.

Accusés

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Un témoin de l’accusation à un procès pour crimes de guerre identifie un médecin qui refusait les soins médicaux aux détenus du camp de concentration de Dora-Mittelbau. Dachau, Allemagne, 1947.

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Juges au procès de 19 hommes accusés d’avoir commis des atrocités au camp de concentration de Dora-Mittelbau, situé à proximité de Nordhausen. Dachau, Allemagne, 25 septembre 1947.

Proces de buchenwald

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16/06/2014
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