LES PROCÈS MILITAIRES 1945

LES PROCÈS MILITAIRES 1945

PROCÈS HONGRIE ET ROUMAIN

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Laszlo Csatari, qui fut le criminel de guerre nazi le plus recherché au monde, est décédé à l'âge de 98 ans. Inculpé en juin, le Hongrois devait être jugé fin septembre en Slovaquie.

Jusqu'au bout, il aura échappé à la justice. Laszlo Csatari, 98 ans, est mort samedi des suites d'une maladie, a annoncé lundi à l'AFP son avocat. Il est longtemps resté le criminel de guerre nazi le plus recherché au monde, selon la liste établie par le Centre Simon Wiesenthal de Jérusalem. Le Hongrois avait été arrêté à Budapest en juillet 2012 et était depuis lors assigné à résidence à son domicile, dans la capitale hongroise. Il est mort samedi matin à l'hôpital où il était soigné pour des maux intestinaux et a finalement contracté une pneumonie, a précisé l'avocat Gabor Horvath.

Après un an d'enquête, Laszlo Csatari avait été inculpé le 18 juin dernier pour crimes contre l'humanité. Son procès devait commencer en Slovaquie le 28 septembre pour déterminer sa responsabilité dans la déportation vers les camps d'extermination nazis, de 1941 à 1944, de 12.000 à 15.700 juifs détenus dans le ghetto de Kosice. Pendant la seconde guerre mondiale, cette ville aujourd'hui slovaque était sous administration de la Hongrie, alliée de l'Allemagne nazie. Laszlo Csatari y aurait été nommé à l'automne 1942 chefs de la police.

Condamné à mort en 1948

Des obstacles juridiques empêchaient toujours sa comparution au banc des accusés en Slovaquie. Sa condamnation à mort par contumace en 1948 prononcée par la justice tchécoslovaque s'était commuée en avril 2013 en réclusion à perpétuité - la peine de mort ayant depuis été abolie - ouvrant ainsi la voie à son extradition réclamée par Bratislava.

Laszlo Csatari a toujours nié toutes les accusations à son encontre. Il démentait notamment avoir été le commandant de la police du ghetto de Kosice, bien que le Musée de l'Holocauste à Budapest avait présenté un document signé de sa main en cette qualité. Il battait régulièrement les Juifs à mains nues ou avec un fouet sans aucune raison, sans égard à l'âge, le sexe ou à l'état de santé des détenus, indiquait également en juin l'office du procureur en Hongrie. Il avait interdit de découper des fenêtres dans les parois d'un wagon de transport ferroviaire de marchandises dans lequel s'entassaient quelque 80 personnes, qui n'avaient ainsi pas accès à de l'air frais, relevait-il aussi.

Après sa condamnation à mort, Laszlo Csatari s'était réfugié au Canada où il gagnait sa vie comme marchand d'art. En 1995, les autorités canadiennes ayant découvert sa véritable identité, il s'était alors enfui en Hongrie où il a vécu, apparemment sans être inquiété, jusqu'à son arrestation en plein Budapest. Depuis l'arrivée au pouvoir du Premier ministre conservateur Viktor Orban, l'Etat hongrois est parfois critiqué pour sa tolérance quant à son rôle durant la guerre mondiale. En témoigne la réhabilitation de Miklos Horthy, régent de la Hongrie et allié d'Adolf Hitler. La justice hongroise avait déjà jugé il y a deux ans un ancien criminel de guerre nazi présumé, Sandor Kepiro, mais ce dernier avait été acquitté faute de preuve. Il est décédé depuis, à l'âge de 97 ans.

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Sándor Képíró (né le 18 février 1914 à Sarkad – mort le 3 septembre 2011 à Budapest) est un ancien capitaine de gendarmerie hongrois. Il a été accusé de complicité d'actes de crimes de guerre.

En 1944, il avait été condamné à 10 ans de prison par un tribunal militaire hongrois, peine ensuite annulée par les autorités de l'époque, puis condamné une deuxième fois par contumace à 14 ans par un tribunal de régime communiste, mais il n'a jamais purgé cette peine, fuyant en Argentine avant de revenir en Hongrie en 1996. Le centre Simon Wiesenthal l'avait placé en tête des criminels nazis les plus recherchés.

Il est arrêté le 14 septembre 2009 par la police hongroise et accusé de complicité d'actes de crimes de guerre sur des civils lors d'une rafle entre les 21 et 23 janvier 1942 à Novi Sad, au cours de laquelle 1 200 civils juifs et serbes furent tués, lors de la Seconde Guerre mondiale.

Sándor Képíró, qui a toujours clamé son innocence, est accusé directement du meurtre de 36 personnes dont il aurait ordonné l'exécution. Le 18 juillet 2011, il est acquitté par le tribunal de Budapest et décède quelques semaines plus tard le 3 septembre 2011.

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L’ancien Premier ministre roumain Ion Antonescu avant son exécution pour crimes de guerre. Camp de Jivava, près de Bucarest, Roumanie, 1er juin 1946.

Après la fin de la guerre, il est ramené en Roumanie et traduit devant le Tribunal du peuple de Bucarest qui le condamne à mort le 17 mai 1946 pour crimes contre la paix, contre le peuple roumain, les peuples de la Russie soviétique, les juifs, les tziganes et autres crimes de guerre, pour avoir provoqué la mort de 500 000 militaires et civils dans la guerre et pour la déportation ou l'exécution de près de 300 000 juifs roumains ou ukrainiens et 15 000 tziganes.

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Constantin Vasiliu et Gheorghe Alexianu lors de leurs exécutions

Il est fusillé aux abords de la prison de Jilava (non loin de Bucarest) le 1er juin suivant, en même temps que Mihai Antonescu, vice-président du Conseil du Royaume de Roumanie de 1941 à 1944, le général de gendarmerie Constantin Vasiliu, ex-sous-secrétaire d'État et Gheorghe Alexianu, ex-gouverneur de Transnistrie. Avant le tir, il lève son chapeau en criant Vive la Roumanie ! Et ses derniers mots après le tir sont, selon le rapport officiel de la Securitate de l'époque : Vous ne m'avez pas tuée, messieurs, tirez encore !

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L’ancien Premier ministre roumain Ion Antonescu (au centre) avant son exécution pour crimes de guerre.

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Un peloton d’exécution roumain se prépare à exécuter l’ancien Premier ministre roumain Ion Antonescu.

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Mihai Antonescu, (né le 18 novembre 1904, condamné à mort le 17 mai 1946 pour crimes de guerre et fusillé le 1er juin 1946, à Jilava) est un avocat et homme politique roumain. Il fut le vice-président du Conseil du Royaume de Roumanie de 1941 à 1944, dans le gouvernement dirigé par Ion Antonescu.

Les deux Antonescu étaient des homonymes sans lien de parenté : le terme de régime Antonescu, utilisé pour désigner le régime politique de la Roumanie durant cette période, leur fait collectivement référence.

Après la Seconde Guerre mondiale, il fut ramené en Roumanie et traduit devant le Tribunal du peuple de Bucarest qui le condamna à mort le 17 mai 1946 pour crimes contre la paix, contre le peuple roumain, les peuples de la Russie soviétique, les juifs, les gitans et autre crimes de guerre, pour avoir provoqué la mort de 500 000 militaires et civils dans la guerre et pour la déportation ou l'exécution de près de 300 000 juifs roumains ou ukrainiens et 15 000 gitans. Il fut fusillé en juin 1946, en même temps qu’Ion Antonescu, président du Conseil du Royaume de Roumanie de 1941 à 1944, le général de gendarmerie Constantin Z. Vasiliu, ex-sous-secrétaire d'État et Gheorghe Alexianu, ex-gouverneur de Transnistrie.


13/07/2014
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AUTRES PROCÈS D'ALLEMANDS

 

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Carl Clauberg, médecin nazi qui procéda à des expériences médicales sur les détenus au bloc 10 du camp d’Auschwitz.

À la fin de 1944, Il quitte le Bloc no 10, fuyant devant l'avance de l'Armée rouge. Lui et une partie de son équipe se replient sur le camp de Ravensbruck. Il y poursuit ses expériences, mais la progression des alliés le contraint à fuir à nouveau. Il est arrêté par les alliés le 8 juin 1945 dans le Schleswig-Holstein et est remis aux forces soviétiques. Il est jugé en 1948 en URSS et condamné à 25 années d'emprisonnement.

En 1955, le professeur Clauberg bénéficie des accords germano-soviétiques portant sur le rapatriement des prisonniers. Il rentre libre en RFA et s'installe à Kiel. Sans regret quant à ses expériences, il va jusqu'à souligner leur intérêt scientifique.

Néanmoins, en novembre 1955, une association de juifs allemands dépose plainte contre lui. Il est arrêté par la police pour être jugé. Malade, il est transféré dans un hôpital carcéral et décède en août 1957, quelques semaines avant de devoir comparaître devant la justice allemande.

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Friedrich Mennecke, l’un des médecins du programme deuthanasie responsable de l’envoi de nombreux patients dans les chambres à gaz. Il fut condamné à mort en 1946. Allemagne, date incertaine.

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Hermann Röchling (1872 - 1955) était un industriel sarrois du XXe siècle. Wehrwirtschaftsführer, il fut un membre influent du NSDAP. Entre juillet 1940 et juin 1942, Hermann Röchling est nommé superviseur plénipotentiaire de la sidérurgie en Lorraine, et travaille en relation Friedrich Flick. Le 12 novembre 1942, Röchling reçoit la Adlerschild des Deutschen Reiches, une distinction récompensant des personnalités civiles du IIIe Reich. Röchling était en relation étroite avec Hitler, dont il avait la confiance et avec qui il dîne le 18 mai 1942. En septembre 1944, au cours de la bataille de Metz, le maître des forges, qui avait supervisé l’installation des pièces d’artillerie neuves dans les forts de Metz avant 1918, est réquisitionné avec ses ingénieurs et ses plans, pour réinstaller les pièces d’artillerie dans leurs tourelles d'origine. Ses efforts retarderont l'avancée des troupes Alliées en Lorraine et dans la Sarre.

Après la Seconde Guerre mondiale, Röchling est arrêté en novembre 1946 et extradé vers la France en mai 1947. Il est maintenu en détention avec son neveu Ernst Röchling, son gendre Hans-Lothar von Gemmingen-Hornberg et les dirigeants Albert Maier et Wilhelm Rodenhauser. L'accusation du tribunal militaire international de Rastatt porte sur l'exploitation industrielle des territoires occupés, dont la Moselle, et sur l'exploitation de travailleurs forcés, venus notamment de l'Est. Le 25 janvier 1949, il est jugé pour Crimes contre l'humanité par un tribunal militaire français à Rastatt et condamné à dix ans d'emprisonnement. Le 18 août 1951, Röchling est libéré, avec l'interdiction de rentrer en Sarre. L'Usine sidérurgique de Völklingen est placée sous séquestre par l’État français. En 1952, Röchling reçoit pourtant la Werner-von-Siemens-Ring, l'une des plus hautes distinctions allemandes, décernée dans le domaine des sciences techniques. Hermann Röchling décède le 24 août 1955 à Mannheim, sans être retourné en Sarre.

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Walter Warlimont, né le 3 octobre 1894 à Osnabrück (province de Hanovre, aujourd'hui land de Basse-Saxe) et mort le 9 octobre 1976 (à 82 ans) à Kreuth (Bavière), est un général allemand de la Seconde Guerre mondiale. Il a été condamné pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour sa responsabilité comme chef adjoint des opérations de l'Oberkommando der Wehrmacht.

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Il est nommé Generalmajor en 1940 et chef adjoint des opérations de l'Oberkommando der Wehrmacht sous les ordres de Jodl. En 1942, il est nommé Generalleutnant et en avril 1944, General der Artillerie. Il est blessé lors de l'attentat contre Hitler du 20 juillet 1944 au Wolfsschanze. Le soir même, il appelle le Generalfeldmarschall Kluge pour lui annoncer que le Führer est vivant. Hitler qui se méfie désormais de la hiérarchie en poste sur le front de l'Ouest fait de Warlimont son messager, même si il est un temps supposé avoir pris part au complot. Ainsi le 22 juillet, il se déplace au chevet de Rommel, hospitalisé après une attaque aérienne sur son véhicule en Normandie puis, début août, se rend auprès de Kluge pour lui dire à quel point Hitler compte sur l'opération Luttich (la contre-attaque de Mortain) et il se rend encore dans la poche de Falaise pour exhorter Eberbach à continuer ses contre-attaques.

Affecté par des blessures mal soignées qu'il a reçues lors de l'attentat contre Hitler, il est ensuite placé sur la liste des réservistes de l'OKH. Après la guerre, il est condamné à perpétuité dans le procès du Haut Commandement militaire, pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Sa peine est ensuite réduite en 1951 à 18 ans de prison mais, déjà en 1957, il est libre et retraité, cherchant domicile près du lac Tegern dans les Alpes bavaroises. Il figure parmi les témoins interrogés par Marcel Ophuls dans son documentaire, Le Chagrin et la Pitié (1969).

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Leonardo Conti, né le 24 août 1900 et mort le 6 octobre 1945, était un homme d’État allemand. Sous le Troisième Reich, il est le chef de la santé du Reich (en allemand : Reichsgesundheitsführer). Leonardo Conti est le fils d'un père suisse (de Lugano) et d’une mère allemande, Nanna Conti, laquelle était la chef des sages-femmes du Reich de 1933 à 1945.

De 1919 à 1923, il étudie la médecine à Berlin (Friedrich Humboldt Universität, F.H.U.) et Erlangen (Friedrich Alexander Universität, F.A.U.). Il devient militant du mouvement völkisch et cofonde un journal antisémite appelé Kampfbund. Il prend part au putsch de Kapp, en 1920. À partir de 1923, il est membre de la Sturmabteilung (SA), devenant leur premier médecin (un de ses patients est le jeune Horst Wessel, qui devient finalement un martyr du parti nazi). En 1925, il publie Über Weichteilplastik im Gesicht, un livre sur la chirurgie plastique du visage. En 1927, il abandonne ses activités habituelles et commence à organiser la Ligue national-socialiste des médecins allemands (NSDÄB) (en allemand : Deutscher Nationalsozialistischer Ärztebund) à Berlin.

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Il rejoint la Schutzstaffel (SS) et, en tant que vieux combattant du parti, il est nommé par Hermann Göring au Conseil d'État de Prusse. Conti occupe les postes de chef de la Chambre des médecins du Reich (en allemand : Reichsärztekammer), chef du NSDÄB, et chef du Bureau principal de la santé du peuple. En 1939, il est nommé Reichsgesundheitsführer et secrétaire d’État auprès du ministre de l'Intérieur, Wilhelm Frick. En 1944, il est promu SS-Obergruppenführer (équivalent de général).

Aussi, il est de 1937 à 1939 président de la Fédération internationale de médecine du sport. Le 1er juillet 1941, en tant que chef de la santé du Reich, il obtient la classification de la pervitine (méthamphétamine) parmi les produits définis par la loi du Reich sur les opiacés. Il condamne l’usage privé de la pervitine mais ne remet pas en cause son utilisation à des fins militaires. Du 27 août 1941 à 1945, il est député d’une circonscription autrichienne, au sein de la IVe législature.

Après la capitulation de l'Allemagne, Conti est jugé pour son implication dans le programme d'euthanasie Aktion T4 au procès des médecins. Toutefois, il se suicide par pendaison, le 6 octobre 1945 (plus d'un an avant le début du procès).

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Kurt Daluege, (15 septembre 1897-24 octobre 1946), membre du NSDAP depuis 1922, SS-Oberstgruppenführer et Generaloberst de l’Ordnungspolizei, Protecteur de Bohême-Moravie après la mort de Reinhard Heydrich.

Daluege atteint le grade de SS-Oberstgruppenführer et de Generaloberst der Polizei. Il se rend plusieurs fois dans la partie de l'URSS conquise par les nazis et où ont lui les tueries massives de juifs. Le lendemain de la mort de Heydrich, il devient protecteur adjoint de Bohême-Moravie (Stellvertretender Reichsprotektor in Böhmen und Mähren) et il est l'un des responsables de la destruction des villages de Lidice et Ležáky.

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Maladie, arrestation et exécution

En mai 1943, Daluege subit une grave attaque cardiaque, dont il ne se remet que très partiellement. En août, il est déchargé de ses responsabilités, et il passe le reste de la guerre dans une propriété qui lui a été offerte par Adolf Hitler.

En mai 1945, Daluege est arrêté par les troupes anglaises à Lübeck et emprisonné à Nuremberg jusqu’à son extradition en Tchécoslovaquie, en septembre 1946.

Condamné à mort pour crimes de guerre par un tribunal tchécoslovaque, il est exécuté par pendaison à Prague le 24 octobre 1946.

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Hans Michael Frank, né le 23 mai 1900 à Karlsruhe, exécuté le 16 octobre 1946 à Nuremberg, a été Reichsleiter du parti nazi, ministre du Troisième Reich et gouverneur général en Pologne. Surnommé le bourreau de la Pologne, il fut condamné à la peine de mort lors du procès de Nuremberg pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

En mai 1945, Frank est arrêté par les Alliés et tente vainement de se suicider.

Dans sa cellule, en attente du jugement, il rédige ses Mémoires qu'il intitule Im Angesicht des Galgens (littéralement, Face à la potence) et où il déclare notamment avoir découvert qu'Hitler avait des origines juives. Il est finalement condamné à mort pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, et pendu le 16 octobre 1946.

Son journal de service en 42 volumes, dont l'original se trouve à Varsovie, constitue une source historique importante.

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Artur Nebe (13 novembre 1894 – 21 mars 1945), SS-Gruppenführer est un criminel de guerre nazi, Generalleutnant der Polizei, directeur de la Kriminalpolizei (Kripo) et premier commandant de l’Einsatzgruppe B.

En novembre 1941, Nebe regagne son poste à Berlin. Il poursuit ses activités à la tête de la Kripo jusqu'à l'attentat du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler. Au cours de l'enquête et de la vague d'épuration qui suivent celui-ci, ses liens avec les militaires opposés à Hitler sont mis au jour.

Nebe prend la fuite et se réfugie à la campagne sur un petit îlot de la Wannsee. Dénoncé par une ancienne maitresse, il est arrêté le 16 janvier 1945 et, après des aveux complets et spontanés, il est condamné à mort par le Volksgerichtshof puis pendu le 21 mars à la prison de Plötzensee.

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Gertrud Scholtz-Klink, née Gertrud Emma Treusch le 9 février 1902 à Adelsheim (Bade) et morte le 24 mars 1999, est une femme politique allemande. Son nom de famille rassemble le nom de son premier mari (Klink) et du deuxième (Scholtz), bien qu'elle en ait eu un troisième (Heissmeyer).

Elle est membre du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (parti nazi) et présidente du NS-Frauenschaft (Ligue nationale des femmes nationales-socialistes) de 1934 à la chute du Troisième Reich, en 1945. Reichsfrauenführerin, elle est la plus haute responsable de la branche féminine du parti nazi, même si son influence sur la politique du régime reste limitée.

Le 28 février 1948, le couple est dénoncé par un paysan, puis arrêté. Une cour de justice militaire française la condamne à dix-huit mois de prison, sur la base de documents à charge. En mai 1950, après de fortes protestations, la sentence est révisée ; classée parmi les principaux responsables du régime, elle écope de trente mois de détention supplémentaires. Elle est en outre interdite d'activité politique, syndicale, journalistique et scolaire pendant dix ans par la commission de dénazification de la République fédérale d'Allemagne. Elle continue de percevoir un salaire de fonctionnaire, même après sa retraite.

Après sa libération, en 1953, Gertrud Scholtz-Klink s'installe à Bebenhausen. En 1978, dans son livre La femme dans le Troisième Reich (Die Frau im Dritten Reich), Gertrud Scholtz-Klink défend son action en faveur de l'idéologie nationale-socialiste, agrémentant ses textes de nombreux anciens discours : Jusqu'à ce qu'un jour le nom du Führer pénétrât notre conscience, le nom d'un soldat du front qui secoua notre peuple de sa léthargie, nous montra la lumière là où nous ne voyions que l'obscurité, qui ne nous lâcha plus! Elle réaffirme également son attachement au nazisme en 1974, en déclarant son hostilité aux femmes parlementaires : Nous les femmes nationales-socialistes allions plus loin ! Affirmation qu'elle réitère au début des années 1980, ne regrettant rien sinon d’avoir été trop prise par mon travail pour m'intéresser vraiment aux idées, aux soubassements de la doctrine. Bien sûr, certaines idées paraissent outrancières. Mais on a du mal à imaginer aujourd'hui à quel point nous étions idéalistes. Son époux décède le 16 janvier 1979, elle, le 24 mars 1999, à Bebenhausen.

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Hermann Behrends, né le 11 mai 1907 à Rüstingen mort le 4 décembre 1948 à Belgrade est un juriste allemand et un officier SS-Gruppenführer. Il fut Höherer der SS und Polizeiführer (HSSPF) en Serbie-Monténégro et en Russie Nord.

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Il est nommé en mars 1944 adjoint d'August Edler von Meyszner le HSSPF pour la Serbie et le Monténégro avant de le remplacer en aout 1944. Il mène à ce poste une lutte farouche contre les communistes puis reçoit la mission de coordonner le rapatriement des Volksdeutche de Hongrie puis des états baltes en décembre 1944. Il est nommé HSSPF pour la Russie Nord de janvier à mai 1945 en remplacement de Friedrich Jeckeln.

Il est arrêté par les alliés à Flensbourg en juillet 1945 puis livré à la Yougoslavie en 1946. Il est jugé en 1947, condamné à mort et pendu à Belgrade le 4 décembre 1948.

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Gottlob Berger, (né le 16 juillet 1896 à Gerstetten, Oberamt Heidenheim/Württemberg ; mort le 25 janvier 1975 à Stuttgart) était un instituteur devenu sous le Troisième Reich général de la Waffen SS (Obergruppenführer) lors de la Seconde Guerre mondiale. Il fut l'adjoint d'Erich Koch pour le Reichskommissariat Ukraine, chargé d'appliquer le Generalplan Ost.

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Erich Koch 1896-1986

Il est condamné à 25 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité lors du Procès des ministères à Nuremberg, cette peine fut réduite à 10 ans en 1951, et Berger fut libéré de façon anticipée la même année.

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Anton Leonhard Dunckern (29 juin 1905, Munich - 9 décembre 1985) était un administrateur nazi pendant la Seconde Guerre mondiale. Dunckern est personnellement interrogé par le général George Patton, qui le considère comme un prisonnier politique, non comme simple prisonnier de guerre. En avril 1945, Dunckern est emprisonné en Angleterre. Puis, il est transféré dans un centre de rétention aux États-Unis. De l'automne 1947 au printemps 1953, il est incarcéré dans une prison militaire à Metz. En novembre 1948, il témoigne au tribunal militaire de Metz en faveur du commandant du camp de Woippy, le SS Fritz Kirchdorfer. Au cours de cette détention, il fut aussi appelé à témoigner trois fois au procès de Nuremberg.

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George Smith Patton, Jr. 1885-1945

Le 1er juillet 1953, Dunckern est jugé comme un criminel de guerre par les tribunaux de la 6e Région militaire à Metz. Reconnu coupable, il est alors condamné à vingt ans de travaux forcés. Il est transféré à la prison de Loos-lès-Lille et libéré en juin 1954, puis retourne s'installer à Munich où il fait une carrière d'avocat. Il meurt en 1985 à Munich.

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Karl Hermann Frank, né le 24 janvier 1898 à Karlsbad, en Tchécoslovaquie et exécuté par pendaison le 22 mai 1946 est un Allemand des Sudètes nazi qui a exercé à partir de 1939 les fonctions de secrétaire d'État puis en 1943 celles de Ministre d'État du Protectorat de Bohème-Moravie.

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Après l'attentat réussi contre Heydrich, Frank et Kurt Daluege, nouveau Reichsprotektor organisent ensemble les représailles avec la destruction des villages de Lidice et Ležáky. Frank conforte encore sa position. Lorsque Wilhelm Frick est nommé troisième Reichsprotektor en 1943, c'est bien Frank qui est incontestablement l'homme le plus puissant de Bohême-Moravie: Il est nommé Ministre d'État avec les prérogatives d'un premier ministre.

Frank qui s'est rendu à l'armée américaine, est déféré devant une cour populaire qui le condamne à la pendaison, exécutée en public, à Prague, le 22 mai 1946.

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Otto Hofmann (16 mars 1896 31 décembre 1982) est un SS-Gruppenführer autrichien et un dirigeant nazi du bureau pour la race et le peuplement (Rasse- und Siedlungshauptamt ou RuSHA). Il est présent à la conférence de Wannsee qui planifie l'holocauste contre les juifs. En 1948 lors du procès du RuSHA à Nuremberg, Hofmann est condamné à 25 ans de prison pour crimes de guerre, mais est gracié en 1954. Il mourut en Allemagne, à Bad Mergentheim.

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Friedrich August Jeckeln est né le 2 février 1895 à Hornberg en Forêt noire, et décédé le 3 février 1946 à Riga en République socialiste soviétique de Lettonie. Il faisait partie de la SS comme Obergruppenführer (lieutenant général) durant les années 1930, et fut nommé chef de la police en Union soviétique occupée pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il dirigeait un des plus importants groupes d'Einsatzgruppen (unité mobile d'extermination) et fut responsable personnellement d'avoir ordonné l'exécution de plus de 100 000 Juifs, Roms, Slaves et autres indésirables visés par le Troisième Reich. Il a été exécuté en 1946 pour ses crimes de guerre.

Jeckeln est capturé par les troupes soviétiques pendant l'avancée de l'Armée Rouge vers l'ouest, avec d'autres nazis qui opéraient dans le district. Ils sont jugés, du 26 janvier au 3 février 1946, par un tribunal militaire siégeant à Riga. Reconnus coupables, ils sont tous pendus le jour de la sentence devant des milliers de personnes au bord de la rivière de Daugava.

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Carl-Albrecht Oberg, né le 27 janvier 1897 à Hambourg (Allemagne) et décédé le 3 juin 1965 à Flensburg (Allemagne), est un général SS avec le grade de Obergruppenführer et le titre de Chef Supérieur de la SS et de la Police (Höherer SS- und Polizeiführer) pour la France.

Après la Libération, Carl Oberg est jugé et condamné à mort en 1946 par les tribunaux alliés et incarcéré à Munich. De nouveau condamné à mort par les tribunaux français, le 9 octobre 1954 à Paris pour crimes de guerre. Il est incarcéré à la prison de Mulhouse, d'où il fait appel de sa peine qui sera commuée en prison à perpétuité par le Président de la République René Coty par grâce individuelle, qui sera reconfirmée en 1958.

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Il est condamné à la prison à vie, il est libéré en toute discrétion de la prison de Mulhouse avec Helmut Knochen, le 28 novembre 1962, sur ordre de Charles de Gaulle. La mansuétude française à son égard s'explique dans le contexte de la politique de réconciliation nationale des gouvernements français successifs (Oberg savait tout du passé collaborationniste des personnalités françaises en vue) et de réconciliation avec l'Allemagne en vue de la signature du traité de coopération franco-allemand du 22 janvier 1963. Oberg finira ses jours libres et s’éteindra paisiblement le 3 juin 1965 à Flensburg (Allemagne).

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Jakob Sporrenberg né le 16 septembre 1902 à Düsseldorf; mort le 6 décembre 1952 à Varsovie) était un haut-responsable SS (Brigadeführer) en Biélorussie et à Lublin.

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Odilo Globocnik 1904-1945

Sporrenberg a rejoint le NSDAP en 1925. En 1929, il est devenu membre des Sturmabteilung (SA) et un an plus tard des Schutzstaffel (SS). De 1941 à 1943 il a été SS- und Polizeiführer (SSPF) en Biélorussie. Puis il a remplacé Odilo Globocnik à Lublin. C'est là qu'il a organisé l'Aktion Erntefest. Après la guerre, il a été condamné à mort et exécuté en 1952.

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Max Amann (24 novembre 1891 – 30 mars 1957) était un journaliste et homme politique nazi avec le grade honoraire de SS –Obergruppenführer. Il fut un ami intime d’Adolf Hitler.

Arrêté par les troupes alliées à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Amann est condamné en tant que membre important du parti nazi, déclaré comme organisation criminelle lors de procès de Nuremberg. Le 8 septembre 1948, il est condamné à dix ans de travaux forcés et est libéré en 1953.

Privé de ses biens et de ses droits à la pension, il meurt dans la pauvreté à Munich le 30 mars 1957.

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August Heissmeyer né le 11 janvier 1897 dans le village de Gellersen, non loin de Aerzen et décédé le 16 janvier 1979 à Schwäbisch Hall est militaire allemand, membre influent des SS. Après la Seconde Guerre mondiale, il est condamné à la prison à perpétuité, en tant que criminel de guerre.

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Gertrud Scholtz-Klink, née Gertrud Emma Treusch  1902-1999

Il est le troisième époux de la présidente de la Ligue des femmes allemandes, Gertrud Scholtz-Klink. Le 29 février 1948, il est capturé par les autorités françaises, près de Tübingen avec son épouse et est incarcéré dix-huit mois. Il est ensuite relâché mais re-condamné trois ans, en raison de ses positions importantes au sein de la hiérarchie SS. Il vit à Schwäbisch Hall. Il devient directeur de l'embouteillage des bouteilles Coca-Cola pour l'Allemagne de l'Ouest.

Il décède le 16 janvier 1979, cinq jours après son 82e anniversaire.

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Werner Lorenz né le 2 octobre 1891 mort le 13 mars 1974 à Hambourg est un officier SS-Obergruppenführer qui dirigea de 1937 à 1945 la Hauptamt Volksdeutsche Mittelstelle (en français Agence de liaison des Allemands de souche). Il est capturé après guerre, emprisonné en Angleterre puis est jugé et condamné au Tribunal de Nuremberg à 20 ans de prison le 10 mars 1948. Sa peine est réduite en 1951 à 15 ans de détention. Il est relâché en 1955. Il meurt à Hambourg en 1974.

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Oswald Pohl (30 juin 1892 - 7 juin 1951) était un officier nazi et un Obergruppenführer (équivalent à général de corps d'armée) SS. En tant que directeur du WVHA (Office central de l'administration et de l'économie de la SS), il organisa l'exploitation de tout ce qui provenait des Juifs depuis les camps de concentration.

Après la défaite allemande, Pohl se cache en Bavière, puis près de Bremen. Il est capturé par les troupes britanniques en mai 1946. Avec 17 autres personnes, il est jugé par un tribunal militaire à Nuremberg lors du procès WVHA, dit procès Pohl, du 8 avril au 22 septembre 1947, où il est accusé de crime contre l'humanité, de crime de guerre et d’avoir été membre d’une organisation criminelle (la SS). Il est condamné à mort le 3 novembre 1947.

En 1950 il publie un livre, Credo. Mein Weg zu Gott, avant d'être pendu à la prison de Landsberg le 7 juin 1951 oú il est enterré.

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Karl Friedrich Otto Wolff (13 mai 1900, 17 juillet 1984) fut un haut gradé dans les SS, il occupa le rang d’Obergruppenführer et général des Waffen-SS. Chef d'état major d'Himmler, il est l'officier de liaison de la SS auprès d'Hitler.

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Heinrich Luitpold Himmler 1900-1945

Après la Seconde Guerre mondiale, arrêté le 13 mai 1945, Wolff est jugé par la justice allemande et est condamné à quatre ans de prison. Il ne purge que quelques semaines, mais en 1962, Wolff est de nouveau jugé et reconnu coupable de la déportation de 300 000 Juifs vers le camp d’extermination de Treblinka. Il est condamné à 15 ans de prison et, encore une fois, ne purge qu’une partie de sa sentence et est relâché en 1971.

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Emil Maurice : (Westermoor (Schleswig-Holstein), le 19 janvier 1897Munich, le 6 février 1972) un des premiers membres du parti nazi connu pour sa brutalité lors des combats de rue au cours des années 1920. Bien qu'il n'ait jamais dirigé la SS, il en a longtemps été considéré comme le numéro 2. Il stagna au grade d'Oberführer. Après la guerre en 1948, il est condamné à quatre ans de travaux forcés.

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Erich Koch (19 juin 1896-12 novembre 1986) est un criminel de guerre allemand, Gauleiter du NSDAP en Prusse-Orientale de 1928 à 1945, dont il est l'Oberpräsident à partir de 1933, et commissaire du Reich en Ukraine de 1941 à 1944, nomination par laquelle il fut un exécuteur zélé du Generalplan Ost.

L'Union soviétique demande l'extradition de Koch, mais le gouvernement britannique décide de le remettre plutôt au gouvernement polonais. Il est extradé en Pologne et y est condamné à mort le 9 mars 1959 pour crimes de guerre contre les Polonais. Il n’est pas jugé pour les crimes commis en Ukraine. La sentence de mort ne fut jamais exécutée et plusieurs personnes croient qu’il a monnayé sa vie contre des renseignements sur les œuvres d’art pillées par les Nazis pendant la guerre. Toutefois aucune preuve tangible n'a pu être apportée à l'appui de cette thèse. Il meurt de causes naturelles en prison à Barczewo (l'ancienne Wartenburg), près d’Olsztyn (l'ancienne Allenstein), au cœur de l'ancienne Prusse-Orientale, désormais disparue.

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Helmut Knochen (14 mars 1910 - 4 avril 2003) fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, Chef de la police de sûreté (SIPO) et du service de sécurité (SD) pour la France, avec rang de SS Standartenführer dans la hiérarchie SS (soit colonel). Il est impliqué dans la politique antisémite de l'occupant, notamment dans les déportations massives de Français juifs vers les camps de concentration, et s'est rendu responsable de l'exécution de plusieurs milliers de résistants français.

1946. À Wuppertal (zone britannique de l'Allemagne occupée), il est jugé et condamné à mort par un tribunal militaire britannique pour le meurtre de pilotes britanniques.

1947. Le 1er juillet, il est extradé en France.

1954. Après une instruction longue et difficile, il comparaît en même temps que Karl Oberg devant le tribunal militaire de Paris en février. Le 9 octobre, il est de nouveau condamné à mort, par les tribunaux français à Paris, pour crimes de guerre. Il fait appel de sa peine.

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Le président Vincent Auriol le gracie.

1958. Le 10 avril, le président René Coty commue sa peine en vingt ans de réclusion criminelle.

1959. Par décret du 31 décembre, sa peine est commuée en vingt ans à partir de la date du jugement.

1962. Le 20 novembre, le président de Gaulle le libère, peu de temps avant de signer le traité de coopération franco-allemand le 22 janvier 1963.

1963. De retour en Allemagne, il habite Baden-Baden. Plus tard, il habitera Hahnenklee, puis Offenbach-sur-le-Main. 


13/07/2014
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PROCES DE KLAUS BARBIE

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Cette photo a souvent été présentée comme celle de Klaus Barbie au milieu de ses camarades, par exemple par Serge Klarsfeld. Il y a cependant un doute sur l'identité du personnage ici photographié Le personnage lui ressemble, certes. Mais on ne sait ni où, ni quand, ni avec qui ce cliché a été pris... Un expert assure que le personnage n°6 est adjudant-chef de la Feldgendarmerie (Wehrmacht). Il porte sur la gauche de sa vareuse (modèle 1935) l'insigne de brevet sportif. L'expert pense, d'après les uniformes, que la photo a été prise à la fin de 1942. Il n'y trouve aucun signe SD ou SS.

Klaus Barbie était un officier S.S. Il est né le 25 octobre 1913 à Bad Godesberg, une petite ville de la vallée du Rhin. Il s'est engagé dans les S.S. le 26 septembre 1935. Assez vite, on lui confie des tâches de police, à Berlin d'abord, puis, après les premières victoires nazies, en 1940, à La Haye où son rôle consiste à arrêter les réfugiés politiques allemands installés aux Pays-Bas et les Juifs. C'est à cette époque qu'Anne Frank se cache pour échapper justement aux rafles organisées par Klaus Barbie. En 1942, il fut envoyé à Dijon, puis à Lyon en novembre 1942. Là, il dirige la Gestapo. 25 officiers travaillent au début sous ses ordres, davantage ensuite. Il dirige une région qui comprend Lyon, mais aussi le Jura, les Hautes-Alpes et jusqu'à Grenoble. Il organise la chasse aux Juifs dans Lyon, mais aussi la chasse aux résistants, qu'il torture, après l'arrestation.

Le tortionnaire de Jean Moulin

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Jean Moulin en 1941, dans un salon assis avec un livre dans la main.

Jean Moulin était l'envoyé en France du général de Gaulle, chargé d'unir les mouvements de résistance. C'était donc le chef le plus important de la Résistance en France. Le 21 juin 1943, Klaus Barbie, probablement renseigné par un traître, réussit à arrêter tous les résistants présents à une réunion, dans la maison du Docteur Dugoujon, à Caluire, dans la banlieue de Lyon. Mais Klaus Barbie ne comprit pas tout de suite qu'il tenait Max (surnom de Jean Moulin) et il le tortura affreusement. Jean Moulin ne parla pas et tomba dans le coma. Il devait mourir un peu plus tard, le 9 juillet 1943, dans le train de déportation, aux environs de Metz.

L'organisateur de la déportation des enfants d'Izieu

 

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Quelques-uns des enfants juifs d'Izieu, pendant l'été 1943

Le Jeudi 6 avril 1944, Klaus Barbie arrête les 44 enfants juifs réfugiés dans une maison d'Izieu, dans l'Ain, à 80 km de Lyon. Neuf jours plus tard, ces enfants sont réduits en cendres dans les fours crématoires du camp d'Auschwitz. Au cours du procès, en 1987, un témoin essentiel, Julien Favet, qui avait assisté à l'arrestation des enfants, a témoigné de la présence de Klaus Barbie sur les lieux, au moment de l'arrestation.

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Libération, 28 mai 1987

Lyon, envoyé spécial.

Au matin du 6 avril 1944, Julien Favet est aux champs. Short, torse nu, il attend qu'un gamin de la colonie lui apporte son casse-croûte, comme chaque matin. Au bout d'un moment, comme je ne voyais rien venir, je suis allé à la maison pour voir ce qu'il s'y passait. La maison, c'est le home d'enfants juifs qui s'est installé l'année dernière à Lelinas, aux portes d'Izieu. Là, j'ai vu trois hommes en civil accoudés au grand bassin qui est devant le bâtiment. Je les ai regardés. Il y en avait un que je connaissais mais j'ai fait semblant de rien et j'ai continué à marcher en direction de la ferme des patrons. Favet a repéré la voiture de la police allemande et les deux camions. J'ai pensé qu'ils arrêtaient tout le village, explique-t-il au président. Il voit les enfants entassés dans les véhicules. Un soldat l'arrête. Vous, sauté?, lui dit l'Allemand. Favet ne comprend pas. Tout à l'heure, le jeune étudiant Léon Reifmann a sauté d'une fenêtre pour échapper à la rafle et tous ceux qui passent sur le chemin sont suspects. Un civil vient de se détacher du groupe de trois et s'avance. Il avait une gabardine et un chapeau mou, c'était Klaus Barbie. L'homme s'approche de Favet et l'inspecte. Méticuleusement. Pas un seul mot n'est échangé pendant ce long regard. Et puis il m'a dit quelque chose comme allez! Favet repart vers la maison de ses maîtres. J'ai regardé les camions. Tous les enfants étaient dedans. Les plus grands, qui avaient 10 ou 12 ans, essayaient de s'enfuir en sautant mais deux soldats allemands les rattrapaient tout de suite et les renvoyaient dedans comme des sacs de pommes de terre. Julien Favet ne peut plus parler. Vous avez reconnu Barbie ?, interroge le président. Oui. C’est exact, je le jure. Je l'ai reconnu a son regard. Le témoin cherche le mot juste. Je l'ai reconnu comme si c'était vous, monsieur le président. Sauf votre respect.

La reconversion d'un nazi

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Le Monde, 18 août 1983

D'abord protégé par les services secrets américains qui l'utilisent au début des années 50, Klaus Barbie se réfugie ensuite en Amérique Latine. En Bolivie, il met ses compétences aux services de la dictature. Il dispose d'un passeport diplomatique et va en Europe négocier des achats de véhicules militaires destinés à la répression des manifestations d'opposition. Il se fait appeler Klaus Altmann et prend la nationalité bolivienne.

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Le général-dictateur Banzer en 1974. Son arrivée au pouvoir en Bolivie fut financée par la colonie nazie.

L'arrestation : le rôle de Serge et Beate Klarsfeld

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Serge et Beate Klarsfeld. Lui est le fils d'un déporté assassiné à Auschwitz, elle est allemande, ensemble, ils traquent les nazis et réussissent à identifier Klaus Barbie en 1971.

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L'arrivée de Barbie à la prison de Montluc à Lyon. Le ministre de la justice, Robert Badinter, a fait réaménager à la hâte cette prison : Barbie devait être emprisonnée là où il avait sévi, coucher là où il avait torturé.

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La Une du journal Le Monde annonce l'expulsion de Klaus Barbie (6-7 février 1983). Le dessin de Plantu représente Klaus Barbie descendant de l'avion : des déportés en costume rayé et un grand Jean Moulin l'attendent au pied de la passerelle.

Le pouvoir politique change en Bolivie et Klaus Barbie est arrêté. La nationalité bolivienne lui est retirée au motif qu'il a fait de fausses déclarations pour l'obtenir. Il est expulsé de Bolivie et se retrouve dans un avion vers la France.

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L'arrivée de Barbie à la prison de Montluc à Lyon. Le ministre de la justice, Robert Badinter, a fait réaménager à la hâte cette prison : Barbie devait être emprisonnée là où il avait sévi, coucher là où il avait torturé.

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Le Monde du 12 mai 1987 annonce l'ouverture, la veille, du procès de Klaus Barbie.

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Photo parue dans Le Matin, 15 mai 1987

Klaus Barbie au début de son procès.

Quelques jours plus tard, ne supportant pas tous les témoignages accumulés contre lui, il refusera de venir à l'audience.

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Croquis d'audience de René Diaz, pour le journal Le Progès de Lyon

Le procès : témoignage sur la torture

D'un geste de la main. Lise Lesèvre refuse la chaise qu'un huissier lui apporte et remercie le président Cerdini pour cette attention. En déséquilibre, elle pose sa canne contre le mur, s'aggrippe à la barre des témoins et redresse la tête, les pieds serrés l'un contre l'autre. Une grande dame de 86 ans. Bouleversante de fragilité et de force, de tranquillité sereine. Seules ses lèvres tremblent, semblant parfois sangloter les mots. Ce qu'elle a à nous dire ne pourrait l'être autrement. Lise a 43 ans. Ce 13 mars 1944, instinctivement, elle sait que les choses tournent mal. Son contact est en retard. Elle ne peut rester plus longtemps au milieu de cette gare, chargée qu'elle est de plis et de documents à remettre à un messager de l'Armée secrète (AS). Au bout du quai, la Gestapo. Ils étaient trois, murmure-t-elle, trois sauvages. Arrêtée pour un contrôle, elle est emmenée à l'Ecole de santé militaire de Lyon, siège de la police allemande puis jetée dans une cave pour la nuit. C'est le lendemain que j'ai fait connaissance avec Barbie et ses yeux terriblement mobiles d'animal en cage. Lise Lesèvre a essayé d'avaler des documents, elle en a fourré d'autres dans ses gants juste après l'arrestation. Mais elle n'a pu dissimuler le pli destiné à Didier, un jeune agent de liaison sans importance au sein de l'organisation, que la Gestapo va confondre avec Didier, l'autre, le chef de l'Armée secrète pour la région sud. Quand Barbie est entré dans la pièce, il était fou de rage, raconte Lise Lesèvre. Il m'a emmenée dans une salle où j'ai tout de suite remarqué les choses étranges posées sur la table. Nous allons parler de torture. La vieille dame s'excuse auprès du tribunal des détails qu'elle va devoir lui fournir. Elle le fera sans larme. D'abord, Barbie m'a mis des menottes à griffes. Des griffes qui sont à l'intérieur. A chaque silence de ma part, il serrait les menottes un peu plus. J'ai cru que mes ongles se détachaient sous la douleur.Les questions sont les mêmes, toujours les mêmes, jour et nuit. Où est Didier?, qui est Didier? Lise Lesèvre ne parle pas. Peu. Importe, la Gestapo a le temps. Alors, ils m'ont pendue par les poignets et m'ont frappée. Combien de temps? Je ne saurais le dire. Je me réveillais toujours couchée sur le ventre, à terre. Et puis il me pendait à nouveau jusqu'à ce que je perde connaissance. Lise Lesèvre parle de Barbie. Elle a eu le temps de le voir, de l'apprendre même, de le garder enfoui. II portait toujours une cravache ou un nerf de bœuf. Il frappait systématiquement ceux qui étaient à sa portée. Lorsqu'il n'y avait personne, il tapait sur ses bottes. C'était comme ça qu'on le reconnaissait avant l'interrogatoire. Ce bruit terrible du fouet tapé en cadence sur des bottes. Quand il entrait dans la pièce, il n'avait rien d'humain. Vraiment, une sorte de chose sauvage. Il prenait un plaisir sadique à faire mal. Lise ne parle toujours pas. Alors Barbie se penche au-dessus d'elle et lui dit : Noux allons aller chercher ton mari et ton fils. Devant eux, tu parleras. La femme est effondrée. Toute seule, raconte-t-elle avec une voix fluette, je pouvais tenir mais avec eux, je savais que cela allait être plus difficile. Un matin, son fils de 16 ans et son mari entrent dans la pièce. Lise est là. Ils se frôlent et se souhaitent courage. Gestes pressés, tiédeur de l'autre, instant de silence éternel. On les a embarqués et moi, on est venu me réveiller en pleine nuit. Barbie m'a emmenée dans une salle avec une baignoire au milieu. Il a enlevé sa montre, l'a accrochée. Il était minuit. Cela a été une terrible épreuve. Lise refuse de se déshabiller. Des policiers lui arrachent ses vêtements de force et la plonge toute entière dans l'eau.

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Lise Lesèvre arrive au tribunal pour témoigner

Barbie surveillait les robinets. Une brute me pinçait le nez et une autre me versait de l'eau dans la bouche à l'aide d'une vieille boîte à biscuit en fer rouillé. La femme ne parle pas. Alors ils m'ont entravé les pieds avec une chaîne et ligoté les mains derrière le dos. Qui est Didier ?, hurle Barbie. Après chaque question, il tirait la chaîne et me plongeait sous l'eau. J'étouffais. On m'avait dit que, pour me noyer, il suffisait de boire, tout de suite mais je n'ai pas su faire, Lise Lesèvre se redresse face au tribunal, et passe une main, dans ses cheveux blancs. Chaque fois qu'ils me ressortaient de l'eau, quand je perdais connaissance, j'avais peur d'avoir dit quelque chose. D'avoir parlé. Elle reprend son souffle. Mais je n'ai rien dit, monsieur le président. Jetée dans une cellule, elle se retrouve à côté d'une autre combattante. Les deux femmes se serrent l'une contre l'autre pour la nuit. Nous avons prié et médité, dit-elle simplement. L'autre résistante l'a amenée près d'elle, la recouvrant d'une moitié de son manteau. Au matin, un officier allemand entre dans la cellule. J'avais vu sa photo à côté de celle d’Hitler, dans le bureau de Barbie. Cela devait être un personnage très important mais je n'ai jamais retenu son nom. Il se penche vers Lise et lui dit : Vous êtes très forte mais pas assez pour nous. Vous êtes Didier, chef de l'AS. Les interrogatoires reprennent.

J'ai été mise aux fers toutes les nuits. Les chevilles enchaînées et les mains liées aux chevilles. En chien de fusil, elle s'endort sur le côté. Au milieu de la nuit, un officier allemand venait me voir. Pas un SS, un soldat. Il m'enlevait la chaîne et disait qu'il reviendrait tôt le matin pour la remettre. Voyez-vous, certains prenaient pitié des torturés. Quand on la conduit dans la salle de torture, elle croise d'autres malheureux, couchés à terre, ensanglantés. Barbie prenait un plaisir bouleversant. Au retour des interrogatoires, personne ne pouvait tenir sur une chaise. On nous faisait allonger à terre. Barbie retournait les visages avec la pointe de sa botte et écrasait la tête du torturé lorsqu'il croyait reconnaître un juif. Une nouvelle fois, Lise Lesèvre est emmenée. Ils m'ont fait la table d'étirement. C'était une table en acier. Mes chevilles étaient attachées d'un côté, les poignets de l'autre et ils agrandissaient la table tout en me tapant dessus avec un nerf de bœuf pour contracter mes chairs. Les tortures durent depuis dix-neuf jours. Barbie quitte Lyon pour une opération meurtrière dans le Jura et y apprend que Lise Lesèvre s'occupe aussi des maquis. Il revient à son bureau, fou de rage. Il était ivre. Avec lui, il y avait des Français, comme Gueule tordue, des pauvres imbéciles qui suivaient. Barbie m'a attachée nue sur une chaise et m'a montré un manche de fouet sur lequel était attachée une boule hérissée de pointes. Ensuite, avec ça, ils m'ont frappée, jusqu'à me massacrer le dos. Ils étaient tous très saouls. Barbie buvait un mélange de bière et de rhum. Il semblait ne plus savoir ce qu'il faisait, comme s'il était devenu fou. La femme perd connaissance et se réveille dans un fauteuil. Un vrai. C'était un salon élégant, avec une rose dans un vase. J'ai cru que j'avais perdu la raison. Barbie est agenouillée auprès d'elle. Je vous admire beaucoup, m'a-t-il dit, car vous êtes très courageuse mais j'ai très bien connu ça. Tout le monde parle. Vous parlerez. Pourquoi pas maintenant? Lise Lesèvre refuse et Barbie explose une nouvelle fois. Liquidez-moi ça !, ordonne-t-il à ses policiers, je ne veux plus la voir. Avec les dix-sept dernières femmes à avoir été interrogées à Lyon, Lise Lesèvre est parquée dans un convoi d'hommes déportés. Son dossier est resté à la Gestapo, personne ne parle plus de la peine de mort à laquelle un simulacre de tribunal l'a condamnée quelques jours auparavant. Dans le train, son fils. On s'est embrassés. Sa voix se brise. Plus tard, lorsqu'il a été exécuté, ses amis m'ont dit qu'il avait eu une tenue héroïque. Que son courage avait été admirable. Mon petit Jean-Pierre, dit-elle. Puis elle parle de son mari, mort à Dachau du typhus, qu'elle a croisé pour la dernière fois dans les couloirs de Lyon lorsqu'il lui a demandé d'être brave. Lise Lesèvre est déportée à Ravensbrück puis affectée à une usine d'armement. Et là, la petite femme tondue, la captive en galoche qui, chaque jour, note l'histoire de sa vie sur des papiers épars, recommence à se battre. Avec ses camarades, elle sabote les culots d'obus anti-aériens de 90 qu'elle doit sertir, elle ralentit la production, inverse les montages. Monsieur le président, nos obus n'ont pas du tuer grand monde, dit-elle aujourd'hui avec un petit sourire. Des années plus tard, alors qu'elle est une femme libre, Lise Lesèvre se penche sur le miroir de sa salle de bain. Derrière elle, son coupé, la télévision retransmet une émission sur Klaus Altmann. Alors, dans la glace, elle voit le reflet du visage de l'homme. Sans comprendre, j'ai été prise d'une frayeur extrême. Je tremblais. Lorsque Me Klarsfeld se lève, le silence est total. D'une voix forte, il lit un passage d'une réaction prêtée à Klaus Barbie et, selon l'hebdomadaire qui l'a publié, VSD, rapportée par Me Vergés. Quand Barbie a vu cette vieille décatie, aurait affirmé l'avocat au journal, il m'a dit : à 80 ans, elle n'a pas autre chose à faire qu’à se traîner devant les caméras avec ses béquilles. Quand on a souffert, on reste chez soi et on se tait. L'avocat de la partie civile demande que cette pièce soit versée au dossier. Me Vergés, calme, indique qu'il vient d'écrire au journaliste auteur de cet article et souhaite que cette lettre soit, dès lundi, également versée au dossier. Dans les premières minutes de l'audience, un moineau entré par effraction voletait sous la coupole. Maintenant, il est terré dans un relief de colonne. Comme s'il percevait les signes de détresse.

Le procès : témoignage sur la déportation

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Titre du journal Libération du 25 mai 1987

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Simone Lagrange sort du tribunal après son témoignage

Mme Lagrange  n'est qu'une voix et, dès premiers mots, cette dame de 57 ans ressuscite la petite fille de 13 ans qui s'appelait alors Simone Kadosché. C'était le 6 juin 1944, un jour de joie, celui du débarquement des alliés. J'ai été arrêtée chez moi, sur dénonciation d'une Française. Avec mon père et ma mère. Nous avons été conduits place Bellecour à la Gestapo. Dans le hall, des femmes allemandes en uniforme disaient kaput, elles disaient qu'on ne reviendrait pas. On nous a disposés tous les trois devant chaque mur de lu pièce, c'était un salon beige. Barhie est entré, il portait un chat dans ses bras. Il le caressait. Je n'avais pas peur, il ne ressemblait pas aux SS que l'on racontait aux enfants.

Il est allé voir mon père puis ma mère les a dévisagés de la tête aux pieds. Il est venu vers moi, il m'a caressé la joue, il m'a dit que j'étais mignonne. Il a demandé à maman si elle avait d'autres enfants. Elle en était fière, elle a dit oui, deux, plus jeunes. Ils sont à la campagne. Il a posé son chat, il m'a demandé l'adresse de mes frères. Nous ne la connaissions pas encore. Barbie a tiré sur la résille qui retenait mes longs cheveux blonds. Ils se sont déroulés, il a tiré dessus de toutes ses forces et j'ai reçu la première paire de gifles de ma vie. Mon père a tenté de s'interposer, on lui a mis un revolver sur la tempe. Madame Lagrange est tendue par un immense effort de lucidité que l'on croyait acquise mais qui se brise dans des larmes aussitôt ravalées. La famille Kadosché est conduite à Montluc: J'étais avec ma mère dans la cave. C'est idiot, ce que je vais dire, j'avais 13 ans et j'étais effrayée à l'idée qu'il puisse y avoir des rats. Je n'ai pas dormi. Toute la nuit, par le soupirail, j'ai vu descendre des familles juives. 
Barbie voulait l'adresse des enfants. A 9 heures, il m'a emmenée dans sa voiture à la Gestapo. J'y suis restée toute la journée, il arrivait avec son sourire mince comme une lame de couteau. Cela a duré sept jours, coups de pied, coups de poing sur les plaies mal refermées de la veille. Le premier soir. Il m'a ramenée lui-même à Montluc, j'étais comme .un pansement sanguinolent. Il m'a jetée dans les bras de ma mère en lui disant : Voilà ce que tu as fait de ta fille. Après une semaine, il m'a mise dans une autre cellule, pendant quinze jours. Ma mère a cru que j'avais été tuée. Le 23 juin 1944. Simone retrouve sa mère dans un convoi pour Drancy puis c'est le vovage vers Auschwitz. Cinq jours et quatre nuits dans un wagon à bestiaux: J'étais avantagée, j'étais prés de la porte. Il y avait une tinette au milieu, des hommes tenaient des vêtements tendus pour cacher ceux qui faisaient leurs besoins. Nous étions tous là à vomir. Le premier matin, on a trouvé un mort. C'est à partir de là qu'on est devenu des gens différents. On était soulagé d'avoir un peu plus d'air et de place lorsqu'on entassait les morts.

Auschwitz : Mon premier drame, c'est quand on m'a enlevé mes cheveux ; voir toutes ces femmes nues, sans cheveux, sans poils, je ne me rendais pas compte que j'étais pareille. J'étais humiliée d'être immatriculée. A 86.24. Je me suis pincée jusqu'au sang, le quatre s'est à moitié effacé, ce furent mes premiers dix coups de schlague. On nous a dit : Ici, on entre par la porte, on sort par la cheminée, odeur douce, acre, amére. Je crains toujours de faire brûler un rôti, j'ai des souvenirs comme cela. Je suis restée avec maman jusqu'au 23 août 1944. C'était la libération de Paris, c'est le jour où ma mère a été gazée. Les femmes faisaient la queue pendant trois heures: leurs enfants à la main, pour être gazées. Les chambres à gaz existent, elles sont griffées jusqu'au plafond. Le 11 août 1944, le père de Simone Kadosché et ses deux neveux embarquent dans le dernier convoi. Le 18 janvier 1945, 25 000 déportés d'Auschwitz évacuent le camp à pied pour Ravensbrück. Le 11 février, à l'arrivée, ils ne sont plus que 2 000. Mon père était très grand. Le lendemain de notre départ, j'ai vu une tête qui dépassait dans une colonne d'hommes, je lui ai fait signe, c'était mon père. Les Allemands n'avaient plus rien, ils étaient en civil, en bottes et en capote. Un Allemand m'a dit : C'est ton père ? Tu vas l'embrasser. Il a fait venir mon père. Silence. Mme Lagrange se tait pour dénouer des larmes, en boule, au fond de sa gorge. II a fait venir mon père, il l'a fait mettre à genoux. Il lui a tiré une balle dans la tête. Ce n'est pas Barbie qui lui a tiré une balle dans la tête mais c'est Barbie qui nous a envoyés là-bas. Mon malheur a été de n'avoir que 13 ans quand j'ai été déportée. Mais aujourd'hui, je n'ai que 57 ans et je peux témoigner longtemps, pour tous ceux qui ne sont pas revenus. En 1972. Mme Lagrange a reconnu Klaus Barbie à la télévision. Elle n'a pas voulu le croire. Et puis, en 1983, j'ai été confrontée à Barbie. J'ai dit que s'il y avait le moindre doute, que si Barbie avait un remords, je retirerais ma plainte. Pas une seule fois, nos yeux se sont baissés. Il m'a dit : Si je vous regarde, c'est parce qu'après sept mois de prison, c'est toujours agréable de voir une femme appétissante. J'ai fait consigner cette phrase et il m'a dit : C'est dommage que vous ne compreniez pas la plaisanterie.

 Le procès : réquisitoire et plaidoiries

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Le Matin, 1er juillet 1987

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La défense de Maître Vergés et de Maître Bouaïta repose sur l'idée que tous les crimes contre l'humanité n'ont pas été punis de façon égale, et en particulier les crimes du colonialisme.

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Klaus Barbie et son avocat, Maître Vergès. Photo parue dans L'Evénement du Jeudi, semaine du 2 au 8 juillet 1987

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Le Monde du 5-6 juillet 1987 annonce le verdict. Klaus Barbie est mort en prison le 25 septembre 1991.
 


11/07/2014
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PROCES DE LA BANDE BONNY-LAFON DÉCEMBRE 1944

Le proces de la bande Bonny-Lafon décembre 1944

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Henri Chamberlin dit Lafont en 1944

Henri Lafont, de son vrai nom Henri Louis Chamberlin, est né dans le 13e arrondissement de Paris le 22 avril 1902 et mort fusillé au fort de Montrouge à Arcueil le 26 décembre 1944. Durant la Seconde Guerre mondiale, il fut le chef de la Gestapo française (la Carlingue) sous l’occupation allemande. Henri Lafont grandit dans un milieu populaire, son père étant ouvrier clicheur et sa mère journalière. Son père décède en 1913 et sa mère l’abandonne le jour même de l'enterrement. Livré à lui-même à l'âge de 11 ans, il traîne souvent dans le quartier des Halles à Paris. À l’adolescence, il exerce de nombreux métiers, de manœuvre à coursier.

En 1919, il vole la bicyclette de son patron qui lui a confisqué un pourboire (5 francs, pour lui : une journée de salaire). Il est rapidement arrêté et passe devant le tribunal pour enfants qui le condamne à la maison de correction jusqu'à sa majorité. À sa sortie, on l'incorpore au 39e régiment de tirailleurs algériens. Au cours de ces deux années de service militaire, signalera lors de son procès en 1944 son avocat, Mr Floriot, il n'a pas eu une seule punition. Rendu à la vie civile, il se met en ménage avec une jeune femme qui deviendra sa femme plus tard. Il voyage à travers la France, de Chambéry au Havre en passant par Marseille. À Marseille, il achète une camionnette d'occasion et se fait transporteur. Un jour, on lui confie une voiture à dépanner. Malchance, il s'agit d'une automobile volée. Les gendarmes la retrouvent chez Lafont. Malgré ses protestations, il passe en correctionnelle. Verdict : deux ans de prison, assortis de dix ans d'interdiction de séjour. Il se marie à la maison d'arrêt de la ville d'Aix-en-Provence le 26 avril 1926 à Rebecchi Arzia, avec qui il aura deux enfants, Pierre et Henriette.

À sa sortie de prison, il mène une vie misérable : faux nom, travaillant clandestinement, au ban de la société. Puis il se fixe à Saint-Jean-de-Maurienne où il trouve un autre emploi. Malheureusement pour lui, pour rejoindre un autre homme, sa femme vole 2 000 francs dans la caisse du magasin qui l'emploie, provoquant ainsi son arrestation. Pour les magistrats, c'est un repris de justice, donc on prononce contre lui une condamnation accompagnée de relégation, ce qui signifie qu'il est envoyé au bagne. Ne voulant pas finir ses jours à Cayenne, il s'évade et se cache, puis change de nom à plusieurs reprises (Norman, puis Lafont).

De Chamberlin à Lafont

Au début de 1940, Chamberlin s’appelle Lafont, il est gérant d’un garage Simca à la Porte des Lilas où il noue quelques contacts avec des policiers. En mars, il réussit à devenir gérant du mess de l’Amicale de la préfecture de police. Il choisit après cela de s'engager, mais on lui demande ses papiers, il dit les apporter le soir même. Le soir, deux gendarmes tentent de l'arrêter, il s'enfuit. Puis il s'engage dans une brigade appelée les volontaires de la mort pas trop regardante sur le passé des recrutés. La brigade est dissoute deux mois plus tard. Le voilà donc sur le pavé parisien où il est arrêté pour insoumission. En juin, il est emprisonné à la prison du Cherche-Midi, mais comme la Wehrmacht approche, il est transféré au camp de Cepoy. Dans le camp, il y a de tout, y compris des Allemands internés à la déclaration de guerre. Il se lie avec deux d'entre eux, ainsi qu'avec un Suisse, Max Stocklin. Ils aident Lafont à s'évader du camp.

Pourquoi ne pas travailler avec nous ?

Ces trois personnes font partie de l'Abwehr et, comme elles sympathisent avec Lafont, elles lui proposent de venir avec eux à Paris. Nos services viennent d’arriver à l'Hôtel Lutetia. Pourquoi ne pas travailler avec nous ?

Lafont dira plus tard à l’un de ses avocats : Au début, cette histoire d’Allemands ne me plaisait guère. Si les gars d’en face, les résistants, m’avaient proposé quelque chose, je l’aurais fait. Il n’y a pas de doute. Et je n’aurais pas fait de cadeaux aux fritz ! Seulement voilà, à l’époque, des résistants, je n’en ai pas connu, je n’en ai pas vu la couleur. Je ne savais même pas ce que c’était. C’est à cela que tient le destin d’un homme : un petit hasard, une histoire d’aiguillage. Ou alors c’est la fatalité !

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Il est installé par l'agent Max Stocklin, rue Tiquetonne dans un bureau d’achats pour le compte de la Wehrmacht. Il achète toutes sortes de produits, des vêtements aux meubles en passant par les denrées alimentaires. Les affaires marchent si fort qu'il ouvre un second magasin rue Cadet et un troisième rue du Faubourg-Saint-Antoine. Il joue les utilités et se fait remarquer par Hermann Brandl agent spécial de l'Abwher et le capitaine Wilhem Radecke de la Wehrmacht. Les affaires marchent bien, mais les locaux deviennent exigus. Il déménage deux fois pour finalement s’installer au 93, rue Lauriston. Avant-guerre, l’immeuble est la propriété de Mme Weinberg. Lafont décide de s’entourer d'hommes de confiance, prêts à tout. Où les trouver ? En août 1940, en compagnie de Radecke, il va à la prison de Fresnes muni d’un laissez-passer. Il choisit vingt-sept hommes : T’es libre!, mais tu m’appelleras patron.

Quelques jours plus tard, grâce à un rapport rédigé par Brandl et Radecke, il intègre la police allemande sous le matricule 6474 R. Les petits chefs de la collaboration font des discours, moi j'agis. Vous jugerez sur pièces, dit Lafont à Radecke.

Mais Branld et Radecke ont un chef, le colonel Reile, dit Rudolph. Lui n'apprécie pas que l'on donne tant d'importance à un repris de justice. Quand il apprend la libération des 27 détenus de la prison de Fresnes, il ordonne au capitaine Schaeffer d'arrêter Lafont. Radecke prévient Lafont et lui propose de retrouver l'un des chefs de la résistance antinazie, le Belge Lambrecht recherché par l'Abwehr, s'il le capture tout sera pardonné !

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Marcel André Henri Félix Petiot 1897-1946

Il part à Bordeaux. Après quelques nuits de beuveries dans les bars de la ville, un policier lui indique que Lambrecht est à Toulouse et lui donne même l'adresse. Retour à Paris pour prévenir ses supérieurs allemands et avoir carte blanche. Il descend à Toulouse où il arrête Lambrecht, aidé par Robert dit le fantassin, de Hirbes dit la rigole et Estebéteguy dit Adrien la main froide ou Adrien le Basque (qui finira ses jours dans les chaudières du docteur Petiot), le ramène à Paris au siège de la Gestapo, dans le coffre de sa voiture, pieds et poings liés. Là, il le torture de ses propres mains. Le résultat aboutit à l'arrestation d'un réseau de 600 personnes.

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Pierre Bonny 1895-1944  fusillé le 27 décembre

Tout le monde est à vendre, il suffit de savoir acheter. Sa bande se compose d'une centaine de permanents sur lesquels il règne en maître. Il instaure un système d'amendes pour ceux qui feraient des écarts aux règles édictées, pouvant aller jusqu'à la peine de mort.Il n'y a pas que des gangsters et autres malfrats, mais aussi des policiers, dont le plus connu, l'ancien premier policier de France Pierre Bonny, devient le second de Lafont.

Échec à Alger

Vers la fin de l'année 1940, Hermann Brandl demande à Lafont de faire passer un agent de liaison en Afrique du Nord pour y installer un émetteur clandestin en communication avec les services allemands. Lafont s'installe avec son équipe au Cap Doumia près d'Alger. Mais deux des complices sont arrêtés par la police et la mission échoue. Lafont est condamné à mort par contumace.

Affairisme et tortures

Les activités exercées prennent plusieurs directions dont, la lutte contre la Résistance avec, à l'actif de la bande Bonny-Lafont, de nombreux réseaux démantelés.

Ces services excellent dans les interrogatoires : arrachage des ongles, limage des dents, nerf de bœuf, coup de poing, de pied, brûlure à la cigarette ou à la lampe à souder, mais aussi le supplice de la baignoire glacée, de l’électricité, etc. Début 1942, il s'entend avec le Devisenschutzkommando (DSK) (Détachement pour la mise en sûreté des devises), installé au 5, rue Pillet-Will, qui est chargé des devises et de la lutte contre le marché noir. Dans les trafics, il obtient jusqu’à 20 % de commissions.

Il s’agit de s’introduire dans la bonne société, de mettre en confiance ses interlocuteurs, de se concentrer sur les personnes ayant des ennuis et désireuses de cacher de l’argent en Suisse ou d’obtenir des laissez-passer. Lors du rendez-vous, les membres de l’équipe sortent leur carte de police allemande ou française et négocient le rachat de devises, d’or, de meubles à des prix bradés. Quand il s’agit d’un Juif, tout lui est confisqué, puis il est emmené au SD de l’avenue Foch. La chasse aux trafiquants est des plus motivantes car très lucrative pour les permanents. Les trésors s’accumulent rue Lauriston ; un jour de décembre 1942, Lafont partage le butin de l’ancienne ambassade US, composé de vaisselle de luxe, avec les principaux chefs allemands de Paris.

Henri Lafont mène une grande vie, une revanche sur sa jeunesse, ce qui lui procure une jouissance de voir des gens importants lui faire des demandes. Il organise beaucoup de soirées mondaines où il multiplie les contacts et devient incontournable grâce aux faveurs qu’il distribue. Pour distraire ses chefs, il les emmène dans les grands cabarets et établissements de nuit de la capitale dont l’One-Two-Two. Ayant obtenu la nationalité allemande avec le grade de capitaine, il fait la tournée des établissements de nuit parisiens en uniforme allemand, ce qui déplait aux services de renseignement de la Wehrmacht.

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Amédée Bussière 1886-1953

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Il y a beaucoup d’habitués du  93, comme le préfet de police Amédée Bussière, le journaliste Jean Luchaire, l’actrice et sa fille, ainsi que beaucoup de femmes appelées les comtesses de la Gestapo.

Paradoxalement, les rapports avec les collaborationnistes sont plutôt mauvais. Fernand de Brinon refuse d’entrer dans les combines de Lafont. En 1943, la bande inflige de lourdes pertes au réseau Défense de la France dont une soixantaine de membres sont arrêtés. Cependant, Défense de la France survit à ce coup dur. Parmi les personnes arrêtées se trouve Geneviève de Gaulle, nièce du général, arrêtée le 20 juillet 1943 par l’ancien inspecteur Bonny au 68, rue Bonaparte. Elle est enfermée dans un hôtel particulier, réquisitionné en juin 1940 par Radecke, au 3 bis, place des États-Unis, dont le propriétaire a fui à New York. Lafont s’en sert comme entrepôt de marchandises et, au printemps 1943, Karl Bömelburg fait aménager aux derniers étages des cellules avec barreaux.

On ne peut parler de Henri Lafont sans évoquer ses opérations punitives sanglantes contre les maquis avec sa troupe œuvrant sous l’uniforme milicien, nommée Brigade nord-africaine, puisque composée essentiellement d’hommes originaires d’Afrique du Nord. La Brigade nord-africaine est créée au début de l’année 1944 par Henri Lafont et le nationaliste algérien Mohamed el-Maadi (ancien officier français membre du mouvement d’extrême-droite la Cagoule). La brigade prend part à des combats contre la résistance intérieure française, en Limousin (trois sections participent aux combats contre le maquis de Tulle), en Périgord (une section) et en Franche-Comté (une section). La légion est dissoute en juillet 1944 quand la troupe se disperse. Certains des anciens membres suivent Mohamed el-Maadi en Allemagne et d’autres rejoignent la SS Freies Indien Legion.

La guerre des Gestapos

Le problème de Lafont est qu’il doit partager et composer avec d’autres gestapistes parisiens. Les frictions et les règlements de comptes parfois mortels, sont constants. Il y a la bande des Corses dont l’indiscipline agace Lafont. Beaucoup d’incidents l’opposent à la Gestapo de Neuilly dirigée par Frédéric Martin alias Rudy de Mérode connu pour être l’un des plus dangereux gestapistes, un temps associé avec Gédéon van Houten. La bande à Lafont finit par arrêter des hommes de Mérode et les envoyer en déportation pour se débarrasser d’eux.

La fin de la guerre

En août 1944, les gens compromis dans la collaboration fuient Paris vers l’Allemagne, Sigmaringen, Baden-Baden, Steinhorst. Mais Lafont reste en France car il est confiant, peut-être trop car il finira par être dénoncé. Il s’installe dans sa ferme des Baslins à Bazoches-sur-le-Betz laissant derrière lui les locaux de la rue Lauriston abandonnés, en demandant toutefois à Pierre Bonny de détruire les fichiers. Il est accompagné de sa maîtresse, de ses deux enfants ainsi que de Bonny et sa famille. Ils comptaient tous attendre que la situation redevienne normale pour ensuite fuir en Espagne et récupérer une partie du magot accumulé. Toutefois, à ce moment-là, les routes n’étaient plus du tout sûres et un rançonnement était possible. Les FFI réquisitionnèrent leurs voitures, une Bentley et une Jaguar.

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Joseph Joanovici 1905?-1965

Cet imprévu obligea Lafont à envoyer le fils de Bonny à Paris à bicyclette pour obtenir des voitures de Joseph Joanovici. Joanovici, dit le chiffonnier milliardaire, fut agent du Komintern, de la Gestapo et soutien du mouvement de résistance Honneur de la Police. Il livre Lafont et sa bande à l’inspecteur Morin en lui indiquant la ferme.

Le 30 août 1944 au matin, la ferme est encerclée et Lafont et ses acolytes sont arrêtés sans résistance. Cinq millions de francs en liquide, des bijoux, des armes et des papiers sont saisis.

Procès et sentence

Pierre Bonny et Henri Chamberlin, dit Lafont, sont interrogés à la Conciergerie.

Devant le magistrat instructeur, Pierre Bonny avoue tout et cite plus de mille noms impliqués dans l’affaire de la rue Lauriston. Un vent de panique se répand à Paris surtout après la révélation d’un marché noir de faux certificats de résistant.

Le procès commence le 1er décembre 1944 pour finir le 11 décembre. Des personnes témoignent en faveur de Lafont pour service rendu, y compris des résistants pour lesquels il aurait eu une indulgence ou dont il aurait sauvé un membre de la famille. La police retrouve à la ferme, dans un bac à linge sale, 2,5 millions de francs en petites coupures.

Lors du verdict (ils sont tous les deux condamnés à mort), Pierre Bonny est soutenu par les gendarmes alors que Lafont l’accueille avec le sourire aux lèvres, très détendu.

Le 26 décembre, au moment d’être fusillé au fort de Montrouge, Lafont adresse quelques mots à son avocate maître Drieu : « Je ne regrette rien, Madame, quatre années au milieu des orchidées, des dahlias et des Bentley, ça se paie ! J’ai vécu dix fois plus vite, voilà tout. Dites à mon fils qu’il ne faut jamais fréquenter les caves. Qu’il soit un homme comme son père. Il est 9 h 50, Henri Chamberlin dit Lafont est attaché au poteau, la tête découverte et la cigarette aux lèvres.

Dans le livre Marga, Comtesse de Palmyre, Henri Lafont, qui aurait été un temps l’amant de l’héroïne, aurait lancé à son défenseur avant d’être fusillé : « Cela m’est égal de mourir. J'ai vécu dix vies, je peux bien en perdre un précédemment, marchant vers le peloton d’exécution, il aura fait remarquer : on devrait moderniser tout cela envoyer une belle nana, par exemple, à la place d’un curé.

La French Connection aurait été financée par l’argent de la Carlingue par l’intermédiaire d’Auguste Ricord, agent de Lafont, arrêté en septembre 1972, jugé et condamné aux États-Unis.


23/06/2014
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PROCES DE RAVENSBRUCK

Procès de Ravensbrück

Le procès de Ravensbrück à Hambourg est une série de sept procès pour crimes de guerre contre les fonctionnaires du camp de concentration de Ravensbrück que les autorités britanniques ont tenus dans leur zone d'occupation en Allemagne, à Hambourg, après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ces procès a lieu devant un tribunal militaire : trois des cinq juges sont des officiers britanniques, assistés par un avocat. Parmi les accusés figuraient des membres du personnel du camp de concentration, à tous les niveaux : des officiers SS, les médecins du camp, des gardes masculins et féminins (Aufseherinnen), et quelques ex-prisonniers fonctionnaires qui avaient torturé ou maltraité d'autres détenus. Au total, 38 accusés ont été jugés dans ces sept procès. 21 des accusés étaient des femmes. Les exécutions ont eu lieu à la prison d'Hamelin, par le bourreau  Albert Pierrepoint.

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Rang des juges.

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Un box d'accusées.

Premier procès

Le premier procès de Ravensbrück se tient du 5 décembre 1946 au 3 février 1947.

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Deuxième procès

Dans le deuxième procès (5 au 27 novembre 1947), le seul accusé était Friedrich Opitz, autre responsable du camp qui avait réussi à s'enfuir avant l'ouverture du premier procès. Opitz avait été chef d'usine dans le camp de concentration. Il fut condamné à mort et exécuté le 26 février 1948.

Troisième procès

Ce procès a lieu du 14 au 26 avril 1948.

Nom                           Fonction                                                           Sentence

Johanna Braach       Inspectrice, gardienne du camp d'enfant    Acquittée

Lotte Toberentz        Directrice du camp d'enfant                         Acquittée

Elfriede Mohneke     Gardienne                                                      10 ans de prison (fin : 14 juin 1952)

Margarete Rabe       Gardienne                                                       Prison à perpétuée

                                                                                                           (réduit en 1950 à 21 ans, fin 16 juin 1959)

Ruth Neudeck           Gardienne-chef                                              Mort (exécutée le 29 juillet1949)  

Quatrième procès

Ce procès a lieu de mai au 8 juin 1948.

Nom                           Fonction                                Sentence        

Benno Orendi           Médecin                     Mort (exécuté le 17 septembre 1948)

Walter Sonntag         Médecin                     Mort (exécuté le 17 septembre 1948)

Martha Haake          Infirmière                  10 ans de prison (fin : 1er janvier 1951 pour raisons médicales)

Liesbeth Krzok         Infirmière                  4 ans de prison (fin : 3 février 1951)

Gerda Ganzer           Infirmière                  Mort

Cinquième procès

Ce procès a lieu du 16 au 29 juin 1948.

Nom                           Fonction                    Sentence        

Arthur Conrad         Gardien SS                Mort (exécuté le 17 septembre 1948)

Heinrich Schäfer      Gardien SS                2 ans de prison (fin : 28 octobre 1949)

Walter Schenk          Gardien SS                20 ans de prison (fin : 3 août 1954) 

Sixième procès

Ce procès a lieu du 1er au 26 juillet 1948.

Nom                           Fonction                    Sentence

Kurt Lauer               Gardien SS                15 ans de prison (fin : 7 mai 1955)

Kurt Rauxloh           Gardien SS                10 ans de prison (fin : 26 septembre 

                                                                       1954 pour des raisons médicales

Septième procès

Nom                                                   Fonction                    Sentence

Luise Brunner                                  Gardienne-chef         3 ans de prison

Anna Friederike Mathilde Klein    Gardienne-chef         Acquittée faute de preuves

Emma Zimmer                                 Gardienne-chef         Mort (exécutée le 20 septembre 1948)

Christine Holthöwer                        Gardienne                 Acquittée faute de preuves

Ida Schreiter                                     Gardienne                 Mort (exécutée le 20 septembre 1948)

Ilse Vettermann                                Gardienne                 12 ans de prison


21/06/2014
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