LES PROCÈS MILITAIRES 1945

LES PROCÈS MILITAIRES 1945

PROCES DE TOKYO

Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient

Le Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient (ou Tribunal de Tōkyō ou encore Tribunal militaire de Tōkyō), fut créé le 19 janvier 1946 pour juger les grands criminels de guerre japonais de la Seconde Guerre mondiale.

Création

Conformément à la proclamation de Potsdam du 26 juillet 1945, le général Douglas MacArthur, en qualité de Commandant suprême des Puissances alliées en Extrême-Orient, créa le Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient le 19 janvier 1946.

Des juges du Tribunal représentant la Grande-Bretagne, les États-Unis, l'Australie (juge en chef Webb), la Chine et l'URSS

A l'occasion du Tribunal militaire international de Nuremberg, on avait classé les crimes en trois catégories :

Classe A : crimes contre la paix, visait uniquement les hautes sphères du pouvoir et ceux qui avaient planifié et dirigé la guerre.

Classe B : crimes de guerre.

Classe C : crimes contre l'humanité.

S'inspirant directement du procès de Nuremberg, le Tribunal de Tōkyō était destiné à juger les criminels de Classe A.

Sa composition

Ce tribunal était composé de onze juges, un pour chaque pays victorieux.

(États-Unis,               Joseph Keenan

Union Soviétique,     Ministre S. A. Golunsky

Royaume-Uni,           Arthur Comyns-Carr         

France,                       Robert L. Oneto                  

Pays-Bas,                   W. G. Frederick, Borgerhoff-Mulder

Chine,                         Che Hsiang-Chun                           

Australie,                    Le juge Alan Mansfield      

Nouvelle-Zélande,     Brigadier Ronald Quilliam 

Canada,                      Brigade Henry Nolan          

Inde,                           Pedro Lopez 

Philippines).               Menon

Le président du Tribunal était l'Australien William Webb et l'Américain Joseph Keenan était le Procureur en chef.

 

Deuxième rangée (de gauche à droite): Pal, Röling, McDougall, Bernard, Northcroft, et Jaranilla. Première rangée (de gauche à droite): Patrick, Cramer, Webb, Mei, et Zaryanov.

Les personnes visées

Le Tribunal visait trois catégories de personnes différentes :

Les hauts responsables.

Les officiers militaires.

Les officiers de grades inférieurs.

Au final, sur 80 suspects de crimes de classe A, 28 personnes furent poursuivies (19 militaires et 9 civils)

Sadao Araki, ministre de l'Armée, ministre de l'Éducation dans le cabinet Konoe et l'un des principaux théoriciens du régime shôwa

Quatre Premiers ministres : Kiichiro Hiranuma, Koki Hirota, Kuniaki Koiso, Hideki Tōjō

Trois ministres des Affaires étrangères : Yosuke Matsuoka, Mamoru Shigemitsu, Shigenori Togo

Quatre ministres de la Guerre : Sadao Araki, Shunroku Hata, Seishiro Itagaki, Jiro Minami

Deux ministres de la Marine : Osami Nagano, Shigetaro Shimada

Six généraux : Kenji Doihara, Heitaro Kimura, Iwane Matsui, Akira Muto, Kenryo Sato, Yoshijiro Umezu

Deux ambassadeurs : Hiroshi Oshima, Toshio Shiratori

Trois hommes d'affaires ou trafiquants de drogue : Naoki Hoshino, Okinori Kaya, Teiichi Suzuki

Le garde des sceaux Koichi Kido

Le théoricien radical : Shumei Okawa

Un amiral : Takasumi Oka

Un colonel : Kingoro Hashimoto

Les personnes et les cas ayant bénéficié d'une exonération

Plusieurs personnes ne comparurent pas devant le tribunal, en raison de leurs appuis ou des informations qu'ils détenaient.

En raison d'un pacte de collaboration conclu entre MacArthur et l'empereur Hirohito, voici les personnes qui n'ont pas comparu :

Shōwa lui-même (Hirohito), qui conserva son poste en dépit de nombreuses pressions d'abdication provenant même de membres de sa famille.

Les membres de la famille impériale impliqués dans la commission de crimes de guerre ou dans la conduite des opérations militaires comme les frères de l'empereur, Yasuhito Chichibu, maître d'œuvre de l'opération Lys d'or, et Nobuhito Takamatsu ou encore des parents plus éloignés comme le prince Hiroyasu Fushimi, le prince Naruhiko Higashikuni, le prince Yasuhiko Asaka, instigateur du massacre de Nankin, et le prince Tsuneyoshi Takeda.

Hirohito et l'étalon impérial Sirayuki

Les accusés japonais

 Kiichiro Hiranuma

Koki Hirota

Kuniaki Koiso

Hideki Tōjō 

Yosuke Matsuoka

Mamoru Shigemitsu

Shigenori Togo

Sadao Araki

Shunroku Hata

Seishiro Itagaki

Jiro Minami

Osami Nagano

Shigetaro Shimada

Kenji Doihara

Heitaro Kimura

Iwane Matsui

Akira Muto

Kenryo Sato

Yoshijiro Umezu

Toshio Shiratori

Naoki Hoshino

Okinori Kaya

Teiichi Suzuki

Koichi Kido

Shumei Okawa

 

Takasumi Oka

Kingoro Hashimoto

Les personnes et les cas ayant bénéficié d'une exonération

Plusieurs personnes ne comparurent pas devant le tribunal, en raison de leurs appuis ou des informations qu'ils détenaient.

En raison d'un pacte de collaboration conclu entre MacArthur et l'empereur Hirohito, voici les personnes qui n'ont pas comparu :

Shōwa lui-même (Hirohito), qui conserva son poste en dépit de nombreuses pressions d'abdication provenant même de membres de sa famille.

Les membres de la famille impériale impliqués dans la commission de crimes de guerre ou dans la conduite des opérations militaires comme les frères de l'empereur, Yasuhito Chichibu, maître d'œuvre de l'opération Lys d'or, et Nobuhito Takamatsu ou encore des parents plus éloignés comme le prince Hiroyasu Fushimi, le prince Naruhiko Higashikuni, le prince Yasuhiko Asaka, instigateur du massacre de Nankin, et le prince Tsuneyoshi Takeda.

 

 

Hirohito et l'étalon impérial Sirayuki

Plusieurs historiens critiquent cette décision d'exonérer l'Empereur et la famille impériale de poursuites criminelles. Selon l'historien John Dower, La campagne menée à bien pour absoudre l'Empereur de sa responsabilité à l'égard de la guerre ne connut pas de limite. Hirohito ne fut pas seulement présenté comme étant innocent de toute action formelle qui aurait pu le rendre susceptible d'une inculpation comme criminel de guerre, il fut transformé en une sorte d'icone sainte ne portant même aucune responsabilité morale pour la guerre. Selon Herbert Bix, Les mesures réellement extraordinaires entreprises par MacArthur pour sauver Hirohito d'un jugement comme criminel de guerre eurent un impact persistant et profondément distordant dans la compréhension des Japonais à l'égard de la guerre perdue. et "Immédiatement à son arrivée au Japon, (le brigadier-général) Bonner Fellers se mit au travail pour protéger Hirohito du rôle qu'il avait joué pendant et à la fin de la guerre. et permit aux principaux criminels de coordonner leur version des faits afin que l'empereur échappe à une inculpation.

Shiro Ishii

De plus, les membres de l'unité de recherche bactériologique, Unité 731 comme Shiro Ishii ne furent pas inquiétés en échange d'informations sur les résultats de leurs travaux  dont aucune mention ne fut faite devant le tribunal.

En 1981, le Bulletin of the Atomic Scientists publia un article par John W. Powell expliquant en détail les expérimentations de l'Unité 731 et les tests à l'air libre sur les populations civiles. Cet article était accompagné d'un mot du juge néerlandais B. V. A. Röling, dernier survivant du Tribunal, qui notait que Comme membre du Tribunal, c'est pour moi une expérience amère d'être informé aujourd'hui que des actes criminels de la nature la plus abjecte, ordonnés par le gouvernement central du Japon, ont été tenus à l'écart de la Cour par le gouvernement des États-Unis.

De nombreux criminels ont bénéficié des rivalités entre les forces nationalistes de Chiang et les communistes de Mao pour échapper à la justice. Mentionnons parmi eux le général Yasuji Okamura, instigateur des maisons de confort où étaient employées les femmes de réconfort et maître d'œuvre de la Politique des Trois Tout Sankō Sakusen, tue tout, brule tout, pille tout, une stratégie de la terre brûlée, ou encore Masanobu Tsuji, instigateur du massacre de Singapour et complice de la marche de la mort de Bataan.

D'autre part, certains hommes politiques, suspectés de crime de guerre, ne furent pas jugés par le tribunal. Ils purent reprendre une vie politique, après la fin de l'interdiction de participation aux affaires publiques, en 1952, comme Nobusuke Kishi qui fut premier ministre en 1957, ou Ryōichi Sasakawa.

Pour Dower, Même les pacifistes japonais qui ont endossé les idéaux de Nuremberg et de Tokyo, et qui ont travaillé à documenter et à publiciser les atrocités du régime shôwa, ne peuvent justifier la façon dont les procès sur les crimes de guerre ont été menés ; pas plus qu'ils ne peuvent défendre la décision américaine d'exonérer l'empereur de sa responsabilité pour la guerre et ensuite, au sommet de la guerre froide, de libérer et peu après d'embrasser des criminels de guerre d'extrême-droite accusés comme le futur premier ministre Nobusuke Kishi.

Le verdict Durant le procès, Matsuoka Yosuke et Nagano Osami moururent de causes naturelles, Okawa Shumei fut interné pour troubles mentaux. C'est pour cette raison que le verdict rendu le 12 novembre 1948 ne concerna que 25 accusés sur les 28.

Sept Japonais furent condamnés à la peine de mort par pendaison le 23 décembre 1948 :

Kenji Doihara (Général)

Koki Hirota (1er ministre)

Heitaro Kimura (général)   

Seishiro Itagaki  (Ministre de la guerre)

Iwane Matsui  (général)

Akira Muto  (général),

Hideki Tōjō (1er ministre)

Tous les autres prévenus furent condamnés à des peines d'emprisonnement de 7 ans, 20 ans ou à perpétuité. Kuniaki Koiso, Toshio Shiratori, Yoshijiro Umezu et Shigenori Togo moururent en prison durant leur peine.

À compter de 1954, les condamnés survivants encore en prison furent libérés sur parole (ou pour raison de santé) par le nouveau Parti libéral démocrate et le retour au pouvoir d'anciennes personnalités influentes du régime shôwa comme Ichiro Hatoyama et Nobusuke Kishi. Cette libération permis à certains criminels d'occuper à nouveau des postes très importants dans l'administration japonaise, comme Mamoru Shigemitsu qui fut ministre des Affaires étrangères du gouvernement.

Ces libérations anticipées (ainsi que les cas non traités, comme la responsabilité de Hirohito) furent le reflet de la politique ambiguë des États-Unis vis-à-vis du Japon. La guerre froide battant son plein (avec la guerre de Corée), il fallait faire du Japon un pays allié et le meilleur moyen était de tourner la page le plus rapidement possible. Cela favorisa certainement la montée d'un révisionnisme japonais sur les crimes de guerre commis par le Japon.

Tout comme le Tribunal de Nuremberg, le tribunal de Tōkyō fut très politique. Mais il permit de juger des criminels. Ces deux tribunaux participèrent à l'effort pour l'établissement d'une justice internationale pénale (voir l'article sur la Cour pénale internationale).

Harry Clarke, Milton Sandberg, Tomoyuki Yamashita, Hamamoto, et Akira Muto lors d'une pause de la cour, Octobre 1945; à noter les autographes signés par Yamashita, Hamamoto, et Muto.

Yamashita lors d’une pause, probablement dans un couloir devant la salle d'audience, vers octobre 1945

Tribunal militaire international pour l'Extrême Orient en session, Ichigaya Cour, Tokyo, Japon, 1946; les juges sur la gauche, accusés sur le côté droit, et les procureurs son de dos.

Les accusés comparaissant devant le Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient, Ichigaya Cour, Tokyo, Japon, 1946

Les juges du Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient à Ichigaya Cour, Tokyo, Japon, 1946

Lt Nakamura de l'armée japonaise qu'on amène à l'échafaud où il sera exécuté par pendaison pour avoir décapité un soldat indien à Pulau Island, près de Singapour pendant la guerre, le 14 mars 1946

Quatorze japonais accusé d'avoir les 637 meurtres à Kalagon dans un Village, de Rangoon, en Birmanie, le 22 mars 1946

Quinze japonais accusé d'atrocités commises sur l'île Luntau au procès, de Hong Kong, le 28 mars 1946


18/03/2013
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LE PROCES DE NUREMBERG

Création du tribunal

Le Tribunal de Nuremberg a été créé le 8 août 1945 par l'Accord quadripartite de Londres (Royaume-Uni, URSS, Etats-Unis et France). Cet accord constitue le Statut du Tribunal.

 En exécution de l’Accord signé le 8 août 1945 par le Gouvernement Provisoire de la République Française, le Gouvernement des Etats-Unis d’Amérique, du Royaume Uni de Grande-Bretagne et de l’Irlande du Nord, et de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques, un Tribunal Militaire International (dénommé ci-après le Tribunal), sera créé pour juger et punir de façon appropriée et sans délai, les grands criminels de guerre des pays européens de l’Axe. Le Tribunal sera composé de quatre juges, assistés chacun d’un suppléant. Chacune des puissances signataires désignera un juge et un juge suppléant. Les suppléants devront, dans la mesure du possible, assister à toutes les séances du Tribunal. En cas de maladie d’un membre du Tribunal, ou si, pour toute autre raison, il n’est pas en mesure de remplir ses fonctions, son suppléant siègera à sa place. Chaque Signataire prendra les mesures nécessaires pour assurer la présence aux enquêtes et aux procès des grands criminels de guerre qu’il détient et qui devront être jugés par le Tribunal Militaire International. Les Signataires devront également employer tous leurs efforts pour assurer la présence aux enquêtes et aux procès devant le Tribunal Militaire International de ceux des grands criminels qui ne se trouvent pas sur le territoire de l’un des Signataires. 

A) La présence des quatre membres du Tribunal ou, en l’absence de l’un d’eux, de son suppléant, sera nécessaire pour constituer le quorum. 
B) Avant l’ouverture de tout procès, les membres du Tribunal s’entendront pour désigner l’un d’entre eux comme président, et le président remplira ses fonctions pendant toute la durée du procès, à moins qu’il n’en soit décidé autrement par un vote, réunissant au moins trois voix. La présidence sera assurée à tour de rôle par chaque membre du tribunal pour les procès successifs. Cependant, au cas où le Tribunal siègerait sur le territoire de l’un des quatre Puissances signataires, le représentant de cette puissance assumera la présidence. 
C) Sous réserve des dispositions précédentes, le Tribunal prendra ses décisions à la majorité des voix ; en cas de partage égal des voix, celle du président sera prépondérante, étant entendu toutefois que les jugements et les peines ne seront prononcés que par un vote d’au moins trois membres du Tribunal. 

En cas de nécessité et selon le nombre des procès à juger, d’autres tribunaux pourront être créés; la composition, la compétence et la procédure de chacun de ces tribunaux seront identiques et seront réglées par le présent Statut. 

Crimes contre la paix, c'est-à-dire d'avoir décidé, préparé, organisé la guerre,

Crimes de guerre, c'est-à-dire d'avoir violé les règles de la guerre, en exécutant des prisonniers de guerre, par exemple, en ne respectant pas les Conventions de Genève,

Crimes contre l'humanité, c'est-à-dire d'avoir organisé la déportation et le massacre systématique de populations désarmées, en particulier dans les camps de concentration et d'extermination.

Les juges sont des Français, des Américains, des Anglais et des Soviétiques.

Français

Juges  Henri Donnedieu   de Vabres  

Assesseurs    André Falco

ProcureursFrançois de Menthon, puis Champetier de Ribes

Américains

Juges              Francis Biddle

Assesseurs      John Parker

Procureurs  Robert Jackson 

Anglais

Juges             Lord Justice Geoffrey Lawrence

Assesseurs    Sir Norman Birket

Procureurs    Sir David Maxwell-Fyfe, puis Sir Hartley Shawcross

Soviétiques

Juges            Général Nikitchenko

Assesseurs   Colonel Volchkov

Procureurs    Général Rudenko

Au cours de ce procès, 4 organisations sont déclarées criminelles

Le NSDAP (le parti nazi)

La S.S.

Le S.D. (Service de Sécurité)

La Gestapo (Police politique).

Les avocats : Chaque accusé a choisi un avocat sur une liste où, en principe, ne figure aucun nazi. Les organisations criminelles ont eu des avocats commis d'office. Quelques noms : Le Dr. Alfred Seidl fut l'avocat de Rudolf Hess et de Hans Frank.
L'avocat de Bormann était le Dr. Bergold et le Dr. Marx.l'avocat de Streicher. L'avocat de la défense de la S. S. était le Dr. Babel. Certains étaient des avocats de renom comme l'avocat de Schacht, le Dr Rudolf Dix, ancien bâtonnier de Berlin, ou Otto Stahmer, avocat réputé de Hambourg qui défendait Göring ou encore Hermann Jahrreis, professeur de droit international.
Ils furent écoutés et le président  Lawrence les respectait, faisant preuve à leur égard d'impartialité. On peut dire qu'ils ont eu la parole dans des conditions de dignité et de justice, même si leur tâche n'était pas très facile.

Liste des principaux accusés

 

Hermann Göring (1893-1946)
Fils d'un haut fonctionnaire colonial, il  fut l'un des as de l'aviation durant la Première Guerre mondiale, et abondamment décoré. Désemparé par la défaite, il alla travailler comme pilote commercial en Suède où il épousa la riche comtesse Karin Fock. Revenu en Allemagne, il rencontra Hitler en octobre 1922 et adhéra au parti nazi dont il devint le chef des SA. Il participa au putsch de Munich (1923) où il fut blessé. Réfugié en Autriche, il put rentrer grâce à une amnistie et fut élu au Reichstag en 1928. Lié à l'aristocratie et à la banque, il joua un rôle important dans la conquête légale du pouvoir : il fit se rencontrer Hitler et Hindenburg en octobre 1931. Président du Reichstag en août 1932, il usa de son influence sur Hindenburg pour qu'il nomme Hitler chancelier (janvier 1933).
Commissaire à l'aviation et ministre de l'intérieur de Prusse, il utilisa les SA pour briser toute résistance à l'établissement de la dictature : incendie du Reichstag (février 1933), création de la Gestapo (avril 1933). Il dut cependant s'effacer devant Himmler et se consacra au réarmement et à la reconstitution de la Luftwaffe. Il fut nommé feld-maréchal en février 1938. il vivait alors dans le luxe, avec sa seconde épouse l'actrice Emmy Sonnemann. Bien que désigné par Hitler au début de la guerre comme son, successeur éventuel, il devint réticent face aux risques encourus par le déclenchement des hostilités. Il fut fait maréchal du Reich en juillet 1940 mais à la suite de la défaite de la Luftwaffe dans la bataille d'Angleterre, son influence déclina. Détesté par Himmler, Bormann et Goebbels, il passa alors son temps dans sa luxueuse résidence de Karinhall, menant une existence de satrape et s'adonnant aux stupéfiants. Le 23 avril 1945, constatant que Hitler demeuré dans Berlin n'avait plus de liberté d'action, il se déclara prêt à assurer la direction de ce qui restait de l'allemagne. Accusé de trahison par Bormann , il fut démis de toutes ses fonctions par Hitler. Tombé aux mains des Américains, il subit une cure de désintoxication avant d'être jugé à Nuremberg où il revendiqua son passé. Grâce à des complicités, il se suicida dans sa cellule pour échapper à la pendaison.

Rudolf Hess (1894-1987)
Fils d'un commerçant allemand établi en Égypte, il fit la Guerre de 1914 comme aviateur et entra au parti nazi dès juin 1920. Il participa au putsch de Munich (novembre 1923) et fut enfermé à la prison de Landsberg avec Hitler auquel il servit de secrétaire pour Mein Kampf. Devenu un ami intime de Hitler, il fut nommé son représentant en avril 1933 et ministre sans portefeuille en décembre 1933. Membre du conseil de défense du Reich, il était considéré comme le deuxième successeur de Hitler après Göring . Le 10 mai 1941, il partit seul avec un avion Messerschmitt pour l'Écosse, espérant convaincre les Anglais de conclure une alliance contre l'URSS. Les Anglais l'emprisonnèrent et il  fut condamné à la prison à vie à Nuremberg, il s'est suicidé dans la prison de Spandau à Berlin, en 1987.

Julius Streicher (1885-1946)
Instituteur, puis officier en 1914-1918, violemment antisémite, il rencontre Hitler dès 1921. Il était alors le responsable de l'extrême-droite de Franconie, ce qui contribua à faire de Nuremberg une ville phare du Parti Nazi. Il participe au putsch manqué de Munich en novembre 1923. Il fut le directeur du journal antisémite Der Stürmer de 1923 à 1945. Gauleiter nazi de Franconie (1925-1940), député au Reichstag en 1933, connu pour ses violences verbales contre les Juifs. Tombé en disgrâce durant la Seconde guerre mondiale. Il est jugé à Nuremberg, ville dont il avait fait un bastion nazi.

Hjalmar Schacht (1877-1970)
Fils d'un riche commerçant danois, puis naturalisé américain, il fit ses études en Allemagne et entra à la Dresdner Bank (1903-1916). Nommé président de la Reichsbank en décembre 1923, il parvint à stabiliser le nouveau mark après la crise hyperinflationniste désastreuse de 1923 mais donna sa démission en 1930 pour protester contre la poursuite du paiement des Réparations. Bien qu'ayant peu de sympathie au départ pour les nazis, il admira leur succès électoraux, fit la connaissance de Hitler et facilita les contacts de celui-ci avec les milieux financiers en 1932. Il accepta de reprendre la tête de la Reichsbank en mars 1933 et devint ministre de l'économie de 1934 à 1937. Cependant, il se heurta à Göring , chargé du Plan de quatre ans, réclama une diminution des dépenses d'armement et devint suspect au régime. Il dut abandonner la présidence de la Reichsbank en 1938, resta ministre sans portefeuille jusqu'en janvier 1943. Entré en contact avec les conjurés du 20 juillet 1944, il fut arrêté et envoyé au camp de Dachau. Libéré par les Américains, il fut emprisonné aussitôt comme ancien ministre de Hitler.

Walther Funk (1890-1960)
Journaliste, spécialiste des questions financières, il remplaça Schacht au début de 1938 comme ministre de l'Economie du Reich et fut nommé président de la Reichsbank. Condamné à la prison à perpétuité en 1946 à Nuremberg, il fut libéré en 1957.

Wilhelm Frick (1877-1946)
D'une famille paysanne du Palatinat, il devint fonctionnaire de police en 1917 et se rallia très tôt au parti nazi. Il participa au putsch de Munich en 1923, fut élu député au Reichstag en 1924. Comme ministre de l'Intérieur du Land de Thuringe (1930-1931), il fut le premier nazi à accéder à un poste ministériel. Le 30 janvier 1933, il devint ministre de l'Intérieur du Reich dans le premier gouvernement de Hitler et joua un rôle essentiel dans l'établissement de la dictature. En 1943, il dut s'effacer devant Himmler et devint protecteurde Bohème-Moravie où il se fit connaître par sa férocité. Pendu après le procès de Nuremberg.

Joachim von Ribbentrop (1893-1946)
D'une famille d'officiers, il partit jeune pour le Canada puis revint en 1914. Il termina la guerre comme lieutenant, puis commença une carrière de voyageur de commerce international en représentant les vins mousseux Henkell. Il se rallia à Hitler tardivement, durant l'été 1932 et devint conseiller de Hitler pour les affaires internationales. Ambassadeur à Londres (1936-1938), il provoqua un scandale en faisant le salut nazi devant le roi, lors d'une réception à la cour. Il succéda à Von Neurath comme ministre des Affaires Étrangères en 1938. son grand succès fut la signature du Pacte germano-soviétique d'août 1939. Il poussa au déclenchement de la guerre contre l'URSS en 1941 et finit par perdre tout crédit auprès de Hitler.

Franz von Papen (1879-1969)
En 1932, le président Hindenburg nomma Franz von Papen pour succéder à Brüning. Cet aristocrate de cinquante-deux ans, sans passé politique, était lié à l'extrême droite du Parti du Centre-catholique. Début juin 1932, Papen prit la tête de ce qu'on a appelé le cabinet des barons  en raison du nombre d'aristocrates conservateurs qui y siégeaient. A Nuremberg, Von Papen fut accusé d'avoir conspiré avec Hitler pour persuader Hindenburg de prendre Hitler dans le gouvernement comme Chancelier du Reich. Von Papen, ancien chancelier rencontra en effet Hitler chez le banquier Schroeder le 4 janvier 1933, pour évoquer l'arrivée au pouvoir de ce dernier. Très introduit dans les milieux catholiques, il a permis  le raliement du Zentrum de Ludwig Kaas en mars 1933. Il a permis la signature d'un concordat entre Hitler et le cardinal  Eugenio Pacelli qui deviendra Pie XII (juillet 1933). Son influence fut ensuite très réduite. Il fut ambassadeur à Vienne de 1934 à 1938, puis à Ankara de 1939 à 1944. Après l'acquittement de Nuremberg, un tribunal allemand le condamna aux travaux forcés mais il fut libéré en 1949.

Ernst Kaltenbrunner (1903-1946)
Nazi autrichien qui participa à la préparation de l'Anschluss (1938) et devint le chef de la police de Vienne de 1938 à 1943. Il succéda à Heydrich à la tête de l'Office suprême de sécurité du Reich (RSHA) en 1943.

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Hans Fritzsche (1900-1953)
Responsable du contrôle de la presse allemande, puis à la tête de la radio au ministère de la propagande, sous les ordres de Joseph Goebbels . Remarquable pour une voix qui sonnait comme celle de  Goebbels à la radio, Fritzsche diffusait la propagande nazie.

Albert Speer (1905-1981)
D'une famille d'architectes, il fit lui-même des études d'architecture et fut diplômé en 1927. Il adhéra au Parti nazi en 1931 et se fit remarquer de Hitler par sa décoration de la fête du 1er mai 1933. On lui confia la mise en scène du congrès du Parti nazi à Nuremberg. Devenu architecte officiel du IIIe Reich, il construisit le pavillon allemand de l'exposition universelle de Paris (1937), la nouvelle chancellerie du Reich (1939) Devenu l'intime de Hitler, il succéda à Todt comme ministre de l'armement en 1942.  Il envisagea un attentat contre Hitler au moyen de gaz toxiques répandus dans le bunker en 1944 et s'efforça d'empêcher les destructions ordonnées par le Führer. Il fut membre du gouvernement Dönitz en 1945. Il fut condamné à Nuremberg pour avoir conspiré en vue de réduire des millions de personnes en esclavage en les faisant travailler dans les industries d'armements allemandes.

Fritz Sauckel 1894-1946)
Marin sur des navires de commerce puis ouvrier d'usine, il adhéra en 1923 au parti nazi, dont il devint Gauleiter en Thuringe en 1927. Chef du gouvernement de Thuringe en 1932, puis Reichsstatthalter de Thuringe en 1933, il fut nommé plénipotentiaire général pour l'emploi de la main d'oeuvre en 1942 et organisa à ce titre les déportations de travailleurs des pays occupés vers l'Allemagne.

Wilhelm Keitel (1882-1946)
D'une famille de paysans, il entra dans l'armée en 1901 et fut officier d'état-major pendant la Première guerre mondiale. Général en 1934, chef d'état-major du ministre nazi von Blomberg en 1935, il fut nommé commandant suprême de la Wehrmacht après la disgrâce de von Blomberg en 1938. Obéissant sans réticences aux ordres de Hitler, il couvrit les massacres organisés au cours de la campagne de Russie (massacres des Juifs, exécutions des commissaires politiques de l'Armée Rouge). Après l'attentat manqué contre Hitler de juillet 1944, il laissa faire l'exécution de centaines d'officier de l'armée allemande. Il signa la capitulation de l'Allemagne le 8 mai 1945 et fut presque aussitôt arrêté puis jugé à Nuremberg.

Alfred Jodl (1890-1946)
Officier allemand, colonel en 1935, général chef du bureau des opérations du commandement suprême de la Wehrmacht à partir de 1938, il fut l'adjoint de Keitel durant toute la Seconde Guerre mondiale. A ce titre, il signa des ordres d'exécution de prisonniers et fut condamné à mort et pendu.

Erich Raeder (1876-1960)
Amiral, organisateur du réarmement de la marine allemande en dépit du traité de Versailles, commandant en chef de la marine jusqu'en 1943. La décision de Hitler en 1943 de désarmer les grands navires de surface au profit des seuls sous-marins entraîna sa démission. Il fut remplacé par Dönitz . Condamné à la prison à perpétuité par le Tribunal militaire international en 1946, il fut libéré en 1955.

Karl Dönitz (1891-1980 )
Amiral allemand. Spécialiste de la guerre sous-marine dès 1916, il fut l'un des artisans de la renaissance de la flotte allemande sous le nazisme, à partir de 1934. Hitler fit appel à lui pour remplacer Raeder en janvier 1943, comme chef de la Kriegsmarine, avec le titre de Grand Amiral. Bien que sans liens directs avec le mouvement nazi, il fut fidèle jusqu'au bout à Hitler qui le nomma pour prendre sa succession le 30 avril 1945. Il forma un gouvernement qui signa la capitulation sans condition le 8 mai 1945 et fut dissous par les Alliés le 22 mai. Condamné à dix ans de prison,  il fut libéré exactement après 10 années.

Baldur von Schirach (1907-1974)
D'une famille d'officiers, de mère américaine, il adhéra en 1925 au parti nazi. Il devint chef des étudiants hitlériens en 1929, puis chef des Jeunesse Hitlériennes en 1931, poste qu'il conserva jusqu'en 1940. Il joua un rôle important dans l'embrigadement nazi de la jeunesse. Il est connu pour avoir prononcé publiquement la phrase célèbre : Quand j'entends le mot culture, je sors mon revolver! (tirée d'une pièce nationaliste de Hanns Johst). Il fut nommé Gauleiter de Vienne en 1940, il mena une politique d'arrestations et de déportation des Juifs mais protesta en 1943 contre l'extermination systématique et les massacres de l'Est, puis tomba en disgrâce.

Konstantin von Neurath (baron) (1873-1956)
Ambassadeur à Copenhague en 1919, à Rome en 1922 puis à Londres en 1930, il devint ministre des Affaires Étrangères de Von Papen en juin 1932 et conserva ce poste dans les premières années du nazisme : il est ministre au moment du retrait de l'Allemagne de la SDN (octobre 1933), de la remilitarisation de la Rhénanie (mars 1936) et de la préparation de l'Anschluss. A ce titre, il est considéré comme l'un des préparateurs de la guerre mondiale. Il abandonne cependant son poste en février 1938. Il est remplacé par Ribbentrop . Nommé protecteur de la Bohème-Moravie, il est jugé inefficace et remplacé en 1941 par Heydrich . Condamné à 15 ans de prison à Nuremberg, il fut libéré en 1954 après  8 années.

Arthur Seyss-Inquart (1892-1946)
Né en Moravie, alors dans l'Empire des Habsbourg, il devint avocat à Vienne en 1921, entra en contact avec le parti nazi allemand et prépara l'Anschluss. Il devint chancelier d'Autriche à la démission de Schuschnigg, puis, après l'annexion de mars 1938, Reichstatthalter (gouverneur) de l'Autriche. Ministre du gouvernement nazi (mai 1939), représentant du Gouverneur général à Cracovie (automne 1939) au moment du choix de l'emplacement du futur camp d'Auschwitz (voir Chronologie du camp d'Auschwitz ), il fut nommé en mai 1940, commissaire du Reich pour les Pays-Bas. A ce titre, il porte la responsabilité des exactions et déportations qui eurent lieu jusqu'en 1945.

Martin Bormann (1900-1945?)
D'abord agriculteur, il adhère au parti nazi en 1925. Rechsleiter en 1933 et chef de cabinet de Rudolf Hess , il lui succède en mai 1941 comme chef de la chancellerie du parti nazi. A partir de 1943, il devient l'un des plus proches conseillers de Hitler. Il disparaît dans la nuit du 1er au 2 mai 1945. Il a été jugé par contumace au procès de Nuremberg mais des rumeurs non confirmées ont signalé sa présence en Amérique Latine dans les années 50.

Hans Franck (1900-1946)
Avocat de Hitler, il fut nommé à la tête du Gouvernement Général de Pologne et à ce titre dirigea les exactions contre les Polonais et la mise en oeuvre de la politique des Ghettos et de l'extermination des Juifs.

Alfred Rosenberg (1896-1946)
D'une famille allemande des pays baltes, il fit des études d'ingénieur -architecte. Établi à Munich en 1918, il fréquenta la Société de Thulé et se rallia aux  doctrines racistes de Dietrich Eckart (1868-1923) qui le présenta à Hitler. Il participa au putsch de Munich en 1923. Devenu idéologue du parti nazi, il diffusa le faux antisémite Le Protocole des Sages de Sion, développa ses théories racistes dans Le Mythe du Vingtième Siècle (1930). Pour lui, la race est le principe facteur déterminant la science, l'art et la culture. Après 1933, il eut un rôle secondaire aux Affaires étrangères, puis fut chargé à partir de 1940 de la confiscation des oeuvres d'art et des bibliothèques volées au Juifs. Il fut nommé ministre des Territoires de l'Est en 1941 et à ce titre responsables des massacres organisés à l'Est. 


17/03/2013
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MÉDECINS NAZIS

Le Procès des médecins.) a été le premier des douze procès pour crimes de guerre fait par les autorités américaines dans leur zone d'occupation en Allemagne, à Nuremberg, après la fin de la Seconde Guerre mondiale. 20 des 23 accusés avaient été médecins, les trois autres étant fonctionnaires nazis. Plaidant non coupables (leur ligne de défense fut qu'ils agissaient au nom de la médecine de guerre), ils ont tous été accusés d'après plusieurs chefs : l'expérimentation médicale nazie, le Programme Aktion T4.

Les attendus du jugement, appelés improprement Code de Nuremberg, ont été à la base des principes positifs éthiques de l'expérimentation clinique, plus tard décrits dans la Déclaration d'Helsinki.

Alors que le procès de Nuremberg concerne 24 des principaux responsables du Troisième Reich, le procès touchant un corps social débute par celui des médecins allemands car il s'agit de la population professionnelle la plus nazifiée de l'Allemagne (plus de 50 % des médecins sont alors membres du parti nazi - SA et SS).

Les accusés

Karl Brandt, autorité médicale suprême du IIIe Reich. Chargé notamment du programme Aktion T4, utilisé pour euthanasier les malades mentaux et les handicapés. Il est condamné à mort et exécuté le 2 juin 1948.

Karl Gebhardt, médecin de Heinrich Himmler et président de la Croix-Rouge allemande. Jugé pour avoir pratiqué des expériences sur les prisonniers des camps, spécialement les femmes de Ravensbrück. Condamné à mort, il est exécuté le 2 juin 1948.

Waldemar Hoven, médecin du camp de Buchenwald. Jugé pour avoir euthanasié massivement les déportés. Condamné à mort, il est exécuté le 2 juin 1948.

Joachim Mrugowsky, médecin et chef de l'Institut d'hygiène de la SS. Jugé pour expérimentation sur les prisonniers des camps. Condamné à mort, il est exécuté le 2 juin 1948.

Wolfram Sievers, dirigeant de l'Ahnenerbe. Jugé pour ses expériences mortelles sur des humains. Condamné à mort, il est exécuté le 2 juin 1948.

Kurt Blome, scientifique ayant testé des vaccins sur des prisonniers de camp de concentration. Jugé pour extermination de prisonniers malades et expériences conduites sur des êtres humains, il est acquitté.

Adolf Pokorny,dermatologue, accusé d'avoir coopéré avec les programmes de stérilisation, acquitté  pas à cause de mais malgré sa défense  qui était d'avoir su que la méthode proposée par lui dans une lettre n'était valable.

Herta Oberheuser, médecin qui participe à l'injection de sulfamide. Seule femme à être jugée, elle est condamnée à 20 ans de prison.

Gerhard Rose médecin connu pour commettre certains sévices à ces victimes/patients condamné à mort.

Donald Ewen Cameron

L'un des membres du tribunal, le docteur canadien Donald Ewen Cameron, fut plus tard le premier président de l'association mondiale de psychiatrie, après avoir travaillé pour la CIA dans le projet d'expérimentations illégales MKULTRA.

Le rapport Green produit par le Pr Anrew Ivy devant le tribunal fut rédigé suite à un débat prévu auprès d'une commission scientifique internationale mais signé hâtivement par l’American Medical Association pour la circonstance alors que cette commission n'avait pas été réunie, cette turpitude fut soulevée par la défense des médecins allemands.

Viktor Brack 1904-1948

Il participe aux Freikorps et au putsch de la Brasserie de Munich (1923). Il entre dans la SS en 1929, et pendant un certain temps, il est le chauffeur d'Heinrich Himmler. En tant que Reichamtsleiter il officie à la chancellerie du Führer, dirigée par le Reichsleiter Philipp Bouhler, où il dirige le programme d'euthanasie des handicapés plus connu sous le nom de Programme Aktion T4 au cours duquel entre soixante-dix et quatre-vingt mille handicapés et malades mentaux sont exécutés dans des chambres à gaz aménagées dans des instituts d'euthanasie.

Il s'implique aussi directement dans la Shoah puisqu'en septembre 1941 en visite à Lublin il informe Odilo Globocnik de l'intégration du personnel de l'Aktion T4 dans l'Aktion Reinhardt, qu'il propose à la même période son aide à la création d'installations de gazage à Riga, et qu'il insiste dans une lettre à Himmler datée du 23 juin 1942 sur la nécessité, pour la réussite totale de l'opération, d'accélérer le processus de déportation et d'extermination des Juifs. Il est jugé au Procès des médecins à Nuremberg en 1947. Reconnu coupable de crimes contre l'humanité, il est condamné à mort et pendu le 2 juin 1948 dans la prison de Landsberg am Lech.

Karl Brandt 1904-1948

Bien que né en Alsace, Brandt n'était pas de parents alsaciens, son père, commissaire de police, avait été muté à Mulhouse.

Brandt quitte l'Alsace en 1919 et poursuit ses études à Dresde où il passe son Abitur, puis commence ses études de médecine à Dresde, Iéna, Berlin puis Fribourg-en-Brisgau. À Bochum, il se spécialise dans la chirurgie des traumatismes crâniens et obtient son diplôme en 1928. Il émet alors le vœu de partir à Lambaréné au Gabon, afin de rejoindre le docteur Schweitzer, mais n'ayant pas opté pour la nationalité française en quittant l'Alsace, il renonce à ce projet.

C’est en 1933, alors que Brandt et sa fiancée Anna Rehborn suivent le cortège menant Hitler du restaurant où ils venaient de dîner ensemble au Berghof, que la Mercedes du Führer quitte la route. Adolf Hitler est indemne, mais le chef de sa garde personnelle, Wilhelm Brückner, est gravement blessé. L’intervention du Dr Brandt lui sauve la vie. C’est Brückner en personne qui propose le Dr Brandt comme médecin personnel du Führer et l’appelle le 13 juin 1934 pour lui demander de venir de suite à Münich afin d’accompagner Hitler lors d’un voyage en Italie. On considère le jour de cet accident comme celui ou la vie du Dr Brandt a basculée, mais les faits nous montrent qu’il ne se trouvait pas là, par hasard.

Il rejoint d'abord la Ligue national-socialiste des médecins et le NSDAP dès 1932, en soulignant ne pas vouloir appartenir ni à la SS ni à la SA, mais il devient finalement membre de la SA en 1934, pour rejoindre ensuite les SS fin 1934, devenant Untersturmführer, le grade d'officier le moins élevé. Il terminera néanmoins la guerre avec le grade de Brigadeführer SS (Médecin-général SS). En novembre 1938, il est envoyé à Paris après l'attentat d’Ernst vom Rath.

Dès 1939, Brandt dirige l'administration du programme d'euthanasie T-4 chargé d'expurger l'Allemagne de ses aliénés et autres handicapés. Il inventa alors l'injection létale, utilisée encore aujourd'hui dans certains États des États-Unis pour appliquer la peine de mort. Il cumula les grades et les charges de SS-Brigadeführer, lieutenant général de la Waffen-SS et de commissaire général pour la Santé et les Affaires sanitaires. Il fut impliqué dans un programme d'expérimentation humaine, aux côtés du psychiatre Werner Heyde et d'autres médecins.

Brandt fut jugé en 1947 durant le procès que l'on surnomma le Procès des médecins et condamné à mort pour appartenance à une organisation criminelle, crime de guerre et crime contre l'humanité. La peine de mort par pendaison fut prononcée le 19 août et Brandt fut exécuté avec six autres accusés (dont l'un de ses collaborateurs Viktor Brack) le 2 juin 1948 à la prison de Landsberg.

Sans être ministre de la Santé publique, Karl Brandt détenait l'autorité médicale suprême sous le IIIe Reich. Sa condamnation à mort et son exécution soulevèrent pourtant de vives protestations, même parmi les Alliés.

Les derniers mots de Karl Brandt avant de mourir furent les suivants : Vous n'avez pas de leçons à nous donner, vous êtes les vainqueurs et vous avez jeté une bombe sur Hiroshima.

Le procureur McHaney de la cour de Nüremberg ayant jugé Karl Brandt prononcera cette phrase ayant encore plus alimenté la polémique sur le bien fondé de la sentence prononcée à l'encontre du médecin du Reich: Le procès a montré que Karl Brandt n'a rien su des expériences, mais il est coupable parce qu'il aurait dû savoir.

Karl Gebhardt 1897-1948

Gebhardt est né à Landshut, en Bavière. En 1919 il commence ses études en médecine à Munich ; il est habilité en 1935 et l'année suivante devient professeur associé à Berlin. Dès 1937 il enseigne la chirurgie orthopédique.

Sa carrière au sein du parti nazi commence quand il adhère au Parti national-socialiste des travailleurs allemands le 1er mai 1933. Il rejoint la Schutzstaffel (SS) deux ans plus tard et devient médecin en chef du sanatorium de Hohenlychen dans l'Uckermark, une clinique pour patients atteints de tuberculose qu'il transforme en clinique orthopédique ; plus tard, pendant la guerre, celle-ci devient à son tour un hôpital pour le Waffen-SS. En 1938 on le nomme médecin personnel d’Heinrich Himmler.Il occupera plusieurs postes : Directeur médical des Jeux olympiques (1936), professeur de chirurgie à l'Université de Berlin (1937), clinicien en chef de la SS (1943).

Gebhardt traite Albert Speer au début 1944 pour fatigue et un genou gonflé. Il tue presque son patient et est remplacé par un autre médecin. Himmler voyait Speer comme un rival.

Gebhardt aura les grades de Gruppenführer dans la SS et de Generalmajor dans la Waffen SS.

Les ayant ordonnées ou les ayant faites lui-même, il est directement responsable de la plupart des expériences chirurgicales sur des prisonniers des camps de concentration, particulièrement au quartier des femmes à Ravensbrück (qui était près de Hohenlychen), ainsi qu'à Auschwitz. Il dirige particulièrement les tests des sulfamides. Il travaille avec Herta Oberheuser.

Pendant la guerre, il occupe quelque temps la présidence de la Croix-Rouge allemande.

Il se réfugie quelques jours au Führerbunker lors des derniers jours de la bataille de Berlin. Joseph et Magda Goebbels y arrivent le 22 avril 1945 avec leurs enfants. Gebhardt, en tant que président de la Croix-Rouge, parle à Goebbels de la possibilité de quitter Berlin avec les enfants ; celui-ci refusera et les enfants seront empoisonnés par leur mère quelques jours plus tard. Gebhardt lui-même quitte le Führerbunker le 22 avril.

Après la guerre, Gebhardt est l'un des vingt-trois accusés du Procès des médecins, tenu devant le Tribunal militaire international de Nuremberg. Déclaré coupable de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, il est condamné à mort le 21 août 1947. Il est pendu à la prison de Landsberg, dans sa Bavière natale, le 2 juin 1948.

Waldemar Hoven 1903-1948

Après des études de médecine aux États-Unis, il rejoint les SS en 1934 en Allemagne et gravit les échelons militaires pour atteindre finalement le grade de Hauptsturmführer dans la Waffen-SS).

Arrivé à Buchenwald en 1939, il devient le médecin-chef du camp de concentration en 1942, où il fut le responsable de l'euthanasie de déportés par injection de phénol et d'hydrocarbure, ainsi que des expériences sur le typhus.

En 1943, il fut également responsable d'injections létales d'aconitine données à différents anciens officiers SS qui étaient des témoins potentiels dans les enquêtes contre Ilse Koch avec qui il avait une relation. Arrêté pour meurtre sur les personnes de ces officiers SS, il fut reconnu coupable par les SS et condamné à mort pour ses crimes, mais sa peine fut commuée en 18 mois de captivité à Buchenwald.

Suite à la chute du Troisième Reich en 1945, il fut traduit devant la justice lors du procès des médecins. Il y fut reconnu coupable de crimes de guerres, crimes contre l'humanité et reconnu membre d'une organisation criminelle pour sa participation à l'extermination massive de déportés avant sa captivité. Il fut condamné à mort et pendu le 2 juin 1948 à la prison de Landsberg en Bavière.

Joachim Mrugowsky 1905-1948

Son père est médecin généraliste, tué au début de la Première Guerre mondiale.

En 1925 Mrugowsky commence ses études en sciences naturelles et médecine à l'université de Halle et les y complète en 1930-1931 avec un doctorat en médecine et un doctorat en sciences naturelles.

Mrugowsky s'intéresse à l'idéologie nazie dès 1930. Il devient d'abord chef d'un groupe de l'Association des étudiants allemands national-socialistes, puis membre du Parti national-socialiste (membre n°210 049). Il rejoint la Schutzstaffel (SS) en 1931, où il grimpe rapidement les rangs jusqu'à devenir Standartenführer de la SS et de la Waffen-SS.Après un stage de deux ans, il devient en 1933 assistant à l'Institut d'hygiène de l'université de Halle. En 1937, Heinrich Himmler le nomme à l'Institut d'hygiène de la SS à Berlin avec le grade de Sturmbannführer.

En 1940 il participe à la conquête de l'Europe occidentale en tant que médecin dans la 2e division SS Das Reich.

Il est impliqué dès 1943 dans de nombreuses expériences médicales, sauf celles concernant l'aviation, qui se firent sur des prisonniers des camps de concentration.Il devient professeur adjoint d'hygiène à l'université de Berlin en septembre 1944.

Il est condamné à mort au Procès des médecins en août 1947 et exécuté le 2 juin 1948.

Wolfram Heinrich Friedrich Sievers 1905-1948

Après avoir fait des études de libraire, Sievers entre au Parti nazi en 1929, où il fait vite carrière. Il s'engage parallèlement dans le groupe de résistance formé par Friedrich Hielscher. En 1935, il prend la direction de l'Ahnenerbe et devient en 1943 directeur adjoint du conseil du Reichsforschungsamt.

Le témoignage de Sievers lors des premiers procès de Nuremberg fut l'un des plus grands scandales. Lors de son interrogatoire, il avait attiré l'attention sur la collection de squelettes du professeur d'anatomie August Hirt de la Reichsuniversität de Strasbourg. Wolfram Sievers avait donné l'ordre que l'on assassine plus de 100 prisonniers juifs dans le camp de Natzwiller-Struthof pour préparer leurs squelettes. On doit l'identification des victimes des décennies plus tard à un résistant qui avait tenu des notes secrètes. Après la Seconde Guerre mondiale, il est accusé pour des expériences mortelles menées sur des humains et est condamné à mort comme criminel de guerre le 20 août 1947 lors du procès des médecins à Nuremberg. Il est exécuté en 1948.

Rudolf Brandt 1909- 1948

Docteur en droit en 1934, il entre comme conseiller au ministère de l'Intérieur. Il s'inscrit au Parti nazi en 1932 puis à la SS en 1933. Dès décembre 1933, il fait partie de l'état-major du Reichsführer-SS Heinrich Himmler, dont il devient le conseiller personnel de 1936 à la fin de la guerre. Il est également son officier de liaison auprès du ministère de l'Intérieur, qu'il rejoint en 1943.

Brandt fait partie de ceux qui planifient l'assassinat de 86 Juifs détenus en camps de concentration, afin d'enrichir la collection de squelettes de l'institut d'anatomie de la SS dirigé par August Hirt.

Dans les derniers jours du Troisième Reich, il fait partie des rares compagnons d'Himmler : lors d'une conversation avec Walter Schellenberg, le 13 avril 1945, Himmler lui déclare qu'il est le seul, avec Rudolf Brandt, en qui il a encore une entière confiance. Brandt est aux côtés d'Himmler lors des dernières négociations que celui-ci mène avec le comte Folke Bernadotte, fin avril 45 et lors de sa fuite vers la Bavière, le 10 mai 1945. Brandt est capturé à Bremervörde, en Basse-Saxe, fin mai 1945.

Accusé au Procès des médecins, il est condamné pour son appartenance à la SS, déclarée organisation criminelle lors du procès de Nuremberg, pour crime de guerre et crime contre l'humanité en raison de sa responsabilité dans l'administration et la coordination d'expériences médicales dans les camps de concentration nazis. Il est pendu à la prison de Landsberg le 2 juin 1948, jour de son 39e anniversaire.

Fritz Fischer 1912-2003

Fritz Fischer naît à Berlin et étudie la médecine à Bonn, puis à Berlin, Leipzig et finalement Hambourg, ville où il sort diplômer en 1938. Il rejoint la SS en 1934 et le NSDAP en juin 1937. Le 1er novembre 1939, la Waffen-SS l'affecte au département SS du sanatorium de Hohenlychen, comme médecin et SS-Untersturmführer. En 1940, il devient médecin des armées au sein de la 1re division SS Leibstandarte Adolf Hitler. Blessé, il revient à Hohenlychen, et officie à l'hôpital du camp de concentration de Ravensbrück, comme chirurgien assistant de Karl Gebhardt. Il participe à des expérimentations chirurgicales.

Après la guerre, il est jugé au procès des médecins, et condamné à la prison à vie. Sa sentence est commuée en 15 ans de prison en 1951, mais il sort dès mars 1954. Il retourne alors à son métier de médecin, et commence une nouvelle carrière au sein de l'entreprise chimique Böhringer, où il reste jusqu'à sa retraite. Il décède en 2003.

Adolf Pokorny

Dermatologue, accusé d'avoir coopéré avec les programmes de stérilisation, acquitté  pas à cause de mais malgré sa défense  qui était d'avoir su que la méthode proposée par lui dans une lettre n'était valable.

Herta Oberheuser 1911-1978

Herta Oberheuser travaille sous la supervision du Dr Karl Gebhardt et prend part aux expérimentations médicales nazies (utilisation de la sulfanilamide sur les os, les muscles et les nerfs) menées sur 86 femmes. 74 d'entre elles étaient des prisonnières politiques polonaises du camp. Elle est responsable du décès d'enfants en bonne santé, causés par des injections d'huile et d’hexobarbital. Elle prélèvait ensuite des organes. Le temps d'injection des doses allait alors de trois à cinq minutes, la personne restait pleinement consciente jusqu'au dernier moment. Herta Oberheuser est la seule femme présente dans le box des accusés du procès des médecins lors du procès de Nuremberg. Elle est condamnée à vingt ans de prison. Le verdict prononcé par le tribunal est le suivant : Herta Oberhauser, Le Tribunal militaire  vous a jugé coupable de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Pour les dits crimes, le Tribunal militaire vous condamne à 20 ans de réclusion dans la ou les prisons ou centres de détention qu'il appartiendra à l'autorité compétente de décider.

Herta Oberheuser au procès des médecins, le 20 août 1947.

Emmenez l'accusée Herta Oberhauser. Elle est libérée en avril 1952 pour bonne conduite et devient médecin de famille à Stocksee. Elle perd son poste en 1956, après qu'une survivante du camp de Ravensbrück l'ait reconnue ; son permis de pratiquer la médecine est révoqué en 1958.

Gerhard Rose

Médecin connu pour commettre certains sévices à ces victimes/patients condamné à mort.

Kurt Blome 1894-1969

Est un scientifique nazi de haut rang. En 1935, il devient directeur de l'école de médecine d'Alt-Rehse. En 1939, il est nommé adjoint de Leonardo Conti. En 1941, il entre au Conseil de recherche du Reich pour les recherches sur le cancer. Il avoua à des interrogateurs américains, en 1945, qu'il avait expérimenté des vaccins contre la peste sur des prisonniers de camps de concentration. Acquitté en août 1947 lors du procès des médecins à Nuremberg pour extermination de prisonniers malades et expériences conduites sur des êtres humains, il fut récupéré par la JIOA deux mois après son acquittement et interrogé à Camp David, au Maryland, au sujet de ses expériences scientifiques. Dans le cadre de l'Opération Paperclip, Blome fut intégré dans la United States Army Chemical Corps pour travailler à l'élaboration d'armes chimiques et biologiques.

 


17/03/2013
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LE PROCES DE VÉRONE

Le procès de Vérone eut lieu à Vérone dans la République sociale italienne du 8 au 10 janvier 1944 dans la salle de Castelvecchio. Il vit sur le banc des accusés, les membres du Grand Conseil du fascisme qui lors la séance du 25 juillet 1943, avaient voté la défiance à Benito Mussolini, provoquant la chute du régime fasciste et qui étaient tombés entre les mains des allemands et des fascistes après l'armistice du 8 septembre 1943 et l'occupation par la Wehrmacht.

Accusés

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Les accusés de gauche à droite : Emilio De Bono (mains sur le visage), Carlo Pareschi, Galeazzo Ciano, Luciano Gottardi, Giovanni Marinelli et Tullio Cianetti

Galeazzo Ciano, gendre de Benito Mussolini, condamné à mort

Emilio De Bono, condamné à mort

Giovanni Marinelli, condamné à mort

Carlo Pareschi, condamné à mort

Luciano Gottardi, condamné à mort

Tullio Cianetti, condamné à 30 ans de réclusion

Les autres membres du Grand conseil seront jugés par contumace et également condamnés à mort, dont :

Dino Grandi, qui avait présenté l'ordre du jour incriminé ;

Giuseppe Bottai, qui s'engagera pendant sa fuite dans la Légion étrangère française, et qui combattra jusqu'à la fin de la guerre.

Edmondo Rossoni était un syndicaliste italien qui passa du syndicalisme révolutionnaire au fascisme S'étant opposé à Mussolini dans les derniers jours de la République de Salo, en juillet 1945, il est condamné à mort par celle-ci, puis condamné à perpétuité à la Libération.

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Andrea Fortunato, accusateur au Ministère public,

Le parti désigne comme juges neuf compagnons d'armes, fascistes fanatiques qui, comme l'assure Alessandro Pavolini, offrent la garantie de prononcer la sentence de mort, surtout dans le cas de Ciano, gendre du Duce.

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Alessandro Pavolini 1903-1945

Le président du tribunal : Aldo Vecchini

L’accusateur public : Andrea Fortunato

Le magistrat enquêteur : Vincenzo Cersosimo

En qualité de juges :

Renzo Montagna, chef de la section politique de la Garde nationale républicaine (GNR) ;

Enrico Vezzalini, chef de la province de Ferrare ;

Celso Riva, ouvrier qui avait adhéré au fascisme le 23 mars 1919 ;

Aldo Vecchini, avocat, consul de la Milice, officier supérieur de l'armée ;

Domenico Mittica, ingénieur, squadriste, consul de la Milice ;

Otello Gaddi, premier sénateur de la Milice squadriste, combattant décoré ;

Vito Casalinuovo, consul de la Milice ;

Fortunato Abbonetti, consul de la Milice.

Étaient présents : Giunta, Pagliani, Coppola, Resega, Savinio.

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 Les condamnés en attente de leur exécution (Ciano deuxième à droite, regarde derrière lui)

Légalité du procès

Le ministre de la Justice Piero Pisenti, après avoir examiné les actes du procès, a soutenu que le procès réalisé en ces termes n'était pas légal. Il manquait les preuves de connivence entre les signataires et la maison royale, le vote s'est déroulé de manière irrégulière et l'accusation de haute trahison n'a pas été démontrée parce que le Duce était au courant de l'ordre du jour. Mussolini savait que ce procès était une absurdité juridique, mais il le jugeait nécessaire. Il semblait même décidé à obtenir d'autres têtes : il a remis à Vecchini le mémoire d'Ugo Cavallero où était évoquée une tentative de coup d'État de la part de celui-ci et de Roberto Farinacci. Farinacci ne sera pas jugé parce qu'il n'apparaissait pas parmi les signataires de l'ordre du jour Grandi, et c'est seulement à eux qu'était destiné le décret-loi du tribunal spécial extraordinaire. Mais cela n'est pas clairement indiqué, et Farinacci fait partie de ceux qui ont comploté pour prendre en mains le pouvoir sous le couvert du roi. Le journaliste était protégé par les Allemands et ne pouvait être touché.

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Le peloton d'exécution

L'affaire Ciano

Galeazzo Ciano, gendre de Mussolini, époux d'Edda, la fille préférée du Duce, s'enfuit à Munich persuadé d'y trouver une protection. En réalité il se jette dans la gueule du loup. Heinrich Himmler lui a promis un avion pour l'Espagne en échange de son journal personnel dans lequel étaient annotés tous les rapports que les Allemands avaient eu avec les membres du fascisme. De plus, il est convaincu de trouver une protection pour avoir tenu les Allemands informés des déplacements du Duce de prison en prison. Il ne sait pas qu'entre-temps à la radio Vittorio Mussolini, Farinacci et Pavolini accusent chacun à leur tour les traîtres du fascisme et Ciano, en particulier, devient la cible sur laquelle retombent toutes les amertumes des fascistes. Mussolini rencontre Ciano à Munich et lui laisse croire qu'il lui a pardonné. Hitler décide de laisser faire, ce qui importe aux Allemands est de récupérer le journal et pour cela, le jour de l'arrestation de Ciano, ils le font accompagner par Frau Betz, la seule personne avec qui Ciano pourra parler pendant son isolement en attente de son procès. Giovanni Preziosi, fanatique particulièrement apprécié des nazis, se déchaîne contre Ciano.

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De gauche à droite, les corps de Bombacci, Mussolini, sa maitresse Petacci, Pavolini et Starace sur la Piazzale Loreto à Milan

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Clara Petacci (1912-1945) maitresse de Mussolini

Les votes

Les votes se font à bulletins secrets. Il y a un premier vote pour décider de la culpabilité puis, une seconde fois, pour décider s'il faut concéder des circonstances atténuantes. Au premier vote, tous sont déclarés coupables. Les circonstances atténuantes sont concédées seulement à Tullio Cianetti, condamné à trente ans, en fait pour peu de mois compte tenu de la situation. Les résultats des votes expriment la volonté du Duce qui est sûr que les juges suivront les directives décidées à Gargano.

Les condamnations à mort furent exécutées le 11 janvier 1944 au polygone de tir de Porta San Procolo par un peloton d'exécution de trente fascistes par décision d'Alessandro Pavolini. Les recours en grâce furent présentés à Mussolini alors que les condamnations avaient déjà été exécutées.


16/03/2013
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LES PROCES DE TREBLINKA

Le proces de Treblinka

Treblinka se trouve à proximité de Varsovie. C’était un camp de petites dimensions comparables à celui de Sobibor 500 mètres dans sa plus grande extension témoigne le SS Suchomel, mais 1km sur 600m pense Ya'akov Wiernik, survivant de ce camp. Il semble que ses dimensions aient été de 600 x 400m. Il est conçu en deux parties : le camp inférieur (la zone d’arrivée) aussi appelé camp 1 et le camp supérieur ou camp 2, le Totenlager (la zone d’extermination). Il ne reste rien aujourd’hui de ces 24Ha car, après la révolte des prisonniers (02 août 43) où tout le camp a été incendié à l'exception des chambres à gaz qui étaient des constructions de brique, ce qui restait encore du camp a été entièrement démantelé. Les SS ont tout arasé et fait disparaître les moindres traces.

Vingt à trente SS en assuraient le commandement (une quarantaine était affectée au camp, mais une vingtaine était présente en permanence), avec quatre-vingt à cent gardes Ukrainiens (Trawniki). 500 à 1 000 prisonniers Juifs étaient utilisés aux corvées, régulièrement renouvelés, parmi lesquels les prisonniers affectés au commando équivalent aux SK qui, à Treblinka, était appelé Leichentransportkommando ou Leichen-kommando (commando des cadavres) ou encore Totenjuden. D’après Suchomel, il s’agissait d’une centaine de personnes renouvelée tous les jours. Les témoignages de deux survivants ayant dû travailler au Totenlager, Eliahu Rosenberg et Avraham Lindwasser, prouvent le contraire. En effet, l'un comme l'autre ont été affectés dès leur arrivée du ghetto de Varsovie, en été 42 (mais par deux convois différents), au camp 2. E. Rosenberg au transport des corps entre les chambres à gaz et les fosses et A. Lindwasser comme dentiste (de même qu'à Birkenau, c'était ainsi qu'étaient appelés les prisonniers qui devaient extraire les dents en or au sortir des chambres à gaz). Ces deux témoins ont donc passé un an au camp 2. Bien entendu, ils témoignent du fait que les SS travaillant dans cette partie du camp n'hésitaient pas à tuer des prisonniers, il leur suffisait ensuite d'en sélectionner d'autres parmi les arrivants du convoi suivant. Les prisonniers Juifs de ce Kommando étaient environ 200.

Le premier convoi est arrivé le 23 juillet 42. Le camp ne comportait alors que trois chambres à gaz alimentées par un moteur diesel. Le dernier convoi est arrivé le 19 août 43. Entre temps un bâtiment plus grand comportant 2 x 5 chambres à gaz (Eliahu Rosenberg) de 7m x 7m (Ya'akov Wiernik). L'estimation officielle du nombre de victimes, acceptée par tous, en porte le nombre à 900.000. Néanmoins, certains parmi les survivants ont témoigné de l'organisation d'une fête du millionième mort chez les SS du camp et Franciszek Zabecki, qui était contrôleur du trafic ferroviaire à la gare de Treblinka et membre de la Résistance Polonaise, a pris des notes détaillées sur tous les trains partant au camp, déclare : J'ai noté les chiffres inscrits à la craie sur chaque wagon. Je les ai additionnés encore, encore et encore. Le nombre de tués à Treblinka a été de 1.200.000. Là-dessus, il ne peut pas y avoir de doute.

Les commandants du camp furent : Imfried EBERL jusqu’à la fin d’août 42, Franz STANGL jusqu’en août 43 puis Kurt FRANZ.
Eberl ne sera pas jugé : arrêté par les Américains en 1948, il se suicidera dans sa cellule.

Il est à noter que : sur tous les SS jugés pour leurs activités à Treblinka (c'est à dire 1 sur 4, les autres n'ont pas été poursuivis), aucun n'a été condamné à mort.

Le premier procèsconcernant un responsable de Treblinka

Josef HIRTREITER (1909-1978) Scharführer.

Il intégra le NSDAP en 1932. Il participa à l’Aktion T4 et passa par Lublin avant d'arriver à Sobibor. A Treblinka d’octobre 42 à octobre 43, il surveillait le déshabillage des victimes avant le gazage. Arrêté en 46, il fut condamné à Francfort sur le Main le 03 mars 1951 à la réclusion à perpétuité.

Par passer par Lublin, entendre une affectation décidée par Odilo Globocnik au quartier général SS. Il dirigeait l'extermination des Juifs en Pologne, après avoir été Gauleiter de Vienne et démis de ces fonctions pour irrégularités financière. Il se suicida le 06 juin 45 lorsqu'il allait être arrêté.

On remarquera également que la centaine de SS choisis pour mener l'action Reinhardt en Pologne l'ont été parmi les 400 membres de l'action T4 d'euthanasie.

Le second procès, celui qui est couramment appelé  procès de Treblinka s’est tenu à Düsseldorf du 12 octobre 64 au 03 septembre 65. Il a concerné dix accusés dont neuf ont été condamnés. Plus de 100 témoins y ont été entendus.

Les accusés étaient 

Kurt Franz (1914-1998) Untersturmführer.

 Il entre dans la SS en 37. Il fait partie du projet euthanasie, intervient dans différents camps (Buchenwald en 1940). Il est très vite réputé brutal et sadique. En 42 il passe par Lublin puis va à Belzec et Treblinka (août à novembre 43) où il aura la charge des gardes Ukrainiens avant de devenir commandant du camp. Il  est surnommé poupée. Il s’occupe alors des derniers gazages puis du démantèlement du camp. Arrêté en 1959 (alors qu'il est revenu vivre à Düsseldorf, sa ville natale, sous son vrai nom) il est jugé et condamné à la prison à vie. Du fait de son âge et de sa santé, il est libéré en 1993 et meurt en 1998. 

Heinrich Matthes (1902- ?) Oberscharführer.

 Il entre à la NSDAP en 37, à la SS en 42. Participe à l’Aktion T4. Arrive à Treblinka en été 42. Il est responsable du camp supérieur qu’il commande et surveille : faire entrer dans les chambres à gaz, fermer, ventiler, faire sortir les corps. En septembre 43 il est envoyé à Sobibor. En 1962 il est arrêté (il avait repris la vie civile en toute quiétude lui aussi) jugé et condamné à perpétuité.

August Miette (1908- ?) Unterscharführer.

 Il entre à la NSDAP en 1940 et la SS en 42. Participe à l’Aktion T4. Arrive à Treblinka en juin 42 (jusqu’à novembre 43) où il est affecté au camp inférieur (arrivée des transports, gestion des tueries du Lazarett après Mentz). Il est surnommé l’ange de la mort. Arrêté en 1960 il est condamné à perpétuité et meurt en détention.

Willi Mentz (1904-1978) Unterscharführer.

 Entre à la NSDAP en 32, participe à l’Aktion T4. A Treblinka de l’été 42 à novembre 43, il est successivement assigné aux deux parties du camp (inférieur et supérieur) et au Lazaret. Il est surnommé Frankenstein par les prisonniers. R. Glazar ou K. Teigman parmi d'autres survivants se souviennent très bien de son aisance à tuer au Lazarett. Condamné à perpétuité.

Otto Stadie (1897 -1977)

A Treblinka de juillet 42 à juillet 43, il s’occupe de l’administration du camp (personnel allemand et ukrainien) et de l’arrivée des convois. Il est surnommé Fesele pour son embonpoint. Arrêté en juillet 63, il est condamné à sept ans de prison qu’il n’effectuera pas pour raisons de santé.

Gustav Müntzberger (1903-1977) Unterscharführer.

 Menuisier de formation qui entre à la SS en 38 et au NSDAP en 40. Il arrive à Treblinka de Lublin après avoir officié à Sonnenstein (euthanasie) en septembre 42. Assistant de Matthes (chambres à gaz, Leichentransportkommando). Il est responsable des deux Ukrainiens Ivan et Nicolaï qui géraient les chambres à gaz. Il reste jusqu’à décembre 43. Arrêté en juillet 63, il est condamné à 12 ans de prison dont il sort en juillet 1971 pour bonne conduite.

Franz Suchomel (1907- 1979) Unterscharführer.

Participe à l’Aktion T4 de 40 à 42 à Berlin et Hadamar. A Treblinka d’août 42 à octobre 43. D’abord en poste à l’arrivée des trains puis à la baraque de déshabillage des femmes avant le Schlauch, et enfin en charge des Goldjuden. Il est ensuite envoyé à Sobibor. Arrêté en juillet 63, il est condamné à 6 ans de prison. Libéré en 1969.

 

Erwin Lambert (1909- 1976) Unterscharführer.

Entre à la NSDAP en 1933. Il construit des chambres à gaz pour l’Aktion T4 en divers endroits dont Hadamar. De même à Treblinka il gère la construction de baraques et des nouvelles chambres à gaz en août 42. En octobre il est envoyé à Sobibor. Arrêté en mars 62 il est condamné à 4 ans de prison. Un témoin le décrit comme traitant bien les prisonniers mais n’osant rien par peur de ses collègues SS.

 

Franz Rum (1890-1970) Unterscharführer.

Adhère à la NSDAP en 1933. Participe à l’Aktion T4. Arrivé à Treblinka en décembre 42, il y reste jusqu’en novembre 43. Il commande le Leichenkommando et surveille le Schlauch (le tube ). Condamné à trois ans de prison.

 

Karl Ludwig (1906-1963) Scharführer.

Arrivé à Treblinka début 43. Il est acquitté parce que les témoins Juifs décrivent son comportement de façon positive.

Le troisième procès fut celui de Franz STANGL en 1970 à Düsseldorf (qui avait jusqu’alors réussi à échapper à la justice en s’enfuyant à l’étranger).

Franz Stangl (1908-1971) Hauptsturmführer.

 En novembre 1940 il est au centre d’euthanasie de Hartheim puis à celui de Bernburg. Il met en place le camp de Sobibor (Reichsleiter lui succèdera) avant de devenir commandant de Treblinka de septembre 42 à août 43. Il est peu vu au camp (mais souvent dans un costume de cavalier de couleur blanche). Il est muté pour Trieste trois semaines après la révolte des prisonniers du camp. Arrêté en été 47 pour ses activités à Hartheim, il s’évade en mai 48. Il passe en Syrie puis va s'installer avec sa famille au Brésil où il est arrêté grâce à Simon Wiesenthal et extradé en 1967. Lors de son procès, il déclare que, s’il a été le commandant du camp de Treblinka, il n’a pour autant rien à voir avec l’extermination des Juifs. Condamné à la prison à vie, il meurt quelques mois après d’une attaque cardiaque.

 

A la Libération, seuls 57 survivants de Treblinka sont connus. Les témoignages disponibles sont celui de Yankel (Ya'akov) Wiernik en 1945 puis celui de Samuel Rajzman en 1946 à Nuremberg. Il fallut attendre ensuite le procès Eichmann à Jérusalem en 1961 où quatre survivants déposèrent (session 66) : Y. Wiernik à nouveau, Kalman Teigman, Eliahu Rosenberg et Avraham Lindwasser.
En 2009 est édité le témoignage de Chil Rarjhman / Je suis le dernier Juif dont l'auteur (né en 1914 à Łódź) a réussi à s'évader de Treblinka lors de la révolte du camp. Il a écrit cet extraordinaire document dans l'immédiat après guerre.


16/03/2013
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